Essai Yamaha Tracer9 GT+ Y-AMT

La plus technologique des Yamaha est la Tracer9 GT+, celle qui a tous les équipements possibles dont la transmission automatique Y-AMT qu'on a découvert sur la MT-09. Essai d'une machine dédiée au voyage avec tout l'équipement espéré et même davantage.

La Tracer9 se décline en 5 versions plus ou moins équipées et plus ou moins chères aussi. La Tracer9 GT+ est ce qui se fait de mieux dans la famille avec la transmission automatique Y-AMT découverte sur la MT-09 et un arsenal technologique impressionnant. Certes, certaines technologies existaient déjà chez Yamaha ou d'autres constructeurs, mais là, on a tout ce qu'on peut imaginer ou presque que ce soit pour s'offrir un joli week-end ou pour envisager un roadtrip de plusieurs semaines. La Yamaha Tracer9 GT+ Y-AMT s'annonce comme une véritable machine à voyager qu'on va découvrir sur les routes alpines entre la Slovénie, l'Autriche et l'Italie.

Technologie pour le confort et la sécurité

Pour le confort et l'agrément du voyage, tout ce qu'on peut imaginer sur une moto ou presque est présent sur la Tracer9 GT+. On ne va pas parler des phares matriciels parce qu'on ne les a pas essayés sur les 350 km de cette journée alpine ensoleillée, mais on va s'attarder sur le reste. On retrouve le joystick au commodo gauche qui donne accès au réglage de la hauteur du pare-brise, des poignées chauffantes, des applications, etc. Il faut donner un coup à gauche pour entrer dans le menu qui défile à l'horizontal en bas puis utiliser la fonction souhaitée. Par exemple pour monter le pare-brise avec la commande électrique, un coup à gauche puis un coup vers le haut à condition qu'on soit déjà sur cette fonction, sinon il faut aller à droite ou à gauche pour y accéder parce qu'il n'y a pas de bouton dédié. Seul le régulateur de vitesse en a un. C'est un coup à prendre et finalement on s'y fait rapidement. La protection avec le pare-brise en haut est très bien et il ne gêne pas la vue en virage par sa forme (je mesure 1,83 m).

Les radars présents à l'avant et à l'arrière de la moto ont plusieurs usages. A l'avant, il permet de profiter d'un régulateur adaptatif qui s'est montré efficace sans trop nous éloigner du véhicule qui nous précède. Il permet aussi de nous envoyer une énorme alerte  risque de collision  sur le tableau de bord en cas d'inattention. Cela peut être pratique si on est en train de regarder le GPS plutôt que la route. D'ailleurs, la navigation s'affiche sur une belle surface de cet écran de 7 pouces pour être bien lisible. En maintenant le bouton  home  enfoncé, on passe de l'écran classique à celui avec la navigation simplement. C'est lisible mais on doit utiliser les applications gratuites Yamaha MyRide et Garmin Motorize pour en profiter. Ce n'est pas très pratique et l'unique vide-poche à droite du carénage est quasiment rempli par votre smartphone qui est branché pour la navigation. A noter qu'on peut connecter un second smartphone en Bluetooth simultanément. Le radar arrière sert aux alertes d'angles morts en affichant un petit pictogramme dans le rétroviseur du côté concerné. Ça fonctionne bien mais mériterait d'être plus visible puisque c'est une alerte.

Bien voyager chargé comme une mule

Attardons nous sur les suspensions à réglages électroniques de notre Yamaha qui s'ajustent en fonction du mode de conduite sélectionné, Sport, Touring ou Pluie par exemple. On a aussi à notre disposition 2 modes Custom pour faire les réglages hydrauliques qu'on veut sur la suspension ainsi que la réponse moteur, le contrôle de traction, etc. Le comportement sur les autoroutes ou les routes de montagne a toujours été très sécurisante et efficace à la fois. L'hydraulique travaille bien même sur des enchainements rapides sur une route bosselée, mais pour voyager on regrette que la précharge ne se fasse qu'à la main, avec un outil à l'avant et avec une molette à l'arrière. Dommage avec ce tel niveau de sophistication technologique de ne pas proposer ce réglage de précharge avec l'électronique surtout que sur un road-trip, on peut laisser ses bagages quelque part et se balader seul ou à deux. Pour changer ça, il faut donc le faire à la main alors qu'un petit bouton aurait été parfait.

Yamaha pour la première fois utilise le sans contact pour pouvoir démarrer la moto et ouvrir les valises de série mais la manipulation est étrange parce qu'on a un bouton à l'arrière côté gauche qui déverrouille les valises lorsqu'on a la clé codée dans la poche puis un bouton sur chacune pour les ouvrir individuellement. Pourquoi avoir mis ce bouton de déverrouillage ? Si on veut ouvrir la valise de droite, il faut appuyer sur le bouton à gauche avant d'ouvrir la valise à droite. C'est peu pratique. Ce qui est peu pratique aussi, c'est la forme des valises où un casque intégral trouve difficilement sa place. Ce qui est sympa lorsqu'on est chargé comme une mule, c'est de pouvoir compter sur l'aide au démarrage en côte pour nous aider à démarrer ou à stationner en descente sans devoir toucher au frein. C'est pratique à l'usage parce que c'est automatique, il n'y a rien à faire.

Moteur CP3 et boîte Y-AMT

Ce binôme découvert sur la MT-09 fait son apparition sur la Tracer9. La MT-09 Y-AMT nous avait fait forte impression alors, on était impatient de voir ce que ça pouvait donner sur la Tracer, cette moto dédiée au voyage. Le CP3 sur la Tracer9 n'est pas aussi sportif et réactif. Il fonctionne à partir de 4-4500 tr/min, en-deçà il peine à nous relancer. Avec le poids plus élevé et le bras oscillant plus grand, la roue avant ne se déleste pas mais c'est appréciable sur une moto de tourisme. Ce qui l'est moins c'est la gestion de l'Y-AMT qui ne fonctionne pas de la même façon que sur la MT-09. Quel que soit le mode sélectionné, D ou D+, et quel que soit le rapport engagé, elle ne veut jamais tomber un rapport même en ouvrant les gaz en grand violemment. Alors les relances manquent de vivacité. On a davantage d'à-coups à une allure modérée et elle s'empresse de monter les rapports sans doute pour réduire la consommation surtout en mode D (5,8 L/100 km sur cet essai). En fait, c'est en mode manuel Sport qu'elle fonctionne le mieux avec des passages de rapports en un clin d'oeil du bout de l'index, à la montée comme à la descente. C'est très bien ainsi, mais on ne peut que regretter le mode automatique qu'on avait découvert sur la MT-09. Peut-être que c'est dû au poids la moto, au comportement différent du CP3, à des paramètres du logiciel qui diffèrent ou au contraire restent adaptés à la MT, c'est impossible à dire mais cela ne fonctionne pas aussi bien. Rendez nous l'Y-AMT de la MT-09 !

Une fois qu'on a compris qu'il faut utiliser la boîte Y-AMT en mode Manuel Sport et chopé le coup pour passer les rapports, on a une moto dynamique entre les mains avec un moteur coupleux qu'on prend soin de maintenir à 5000 tr/min et plus. C'est là qu'on va profiter des accélérations et des vocalises du moteur 3 cylindres de cette Tracer9. Malgré son encombrement par rapport à la MT-09, on a une machine agile et réactive pour avaler les kilomètres avec un certain entrain. Certes la selle s'est montrée ferme au bout des 350 kilomètres de montagne avalés sur la journée à bonne allure et les jambes un chouïa pliées pour limiter les problèmes de garde au sol dans ces paysages montagneux, mais le résultat est au rendez-vous pour une moto qui allie le confort et la sportivité comme on l'attend d'une Sport-GT. Elle est tout de même plus orientée Sport que GT si on parle du confort, alors que du côté des performances, elle est plutôt GT que Sport. Pour voyager, le trio moteur, suspensions et freins fonctionnent bien même si on regrette un manque de sportivité du côté du 3 cylindres qui conserve les mêmes performances mais surtout lorsqu'on se rappelle de son comportement sur les premières générations. La norme Euro5 est passée par là.

Bilan essai Yamaha Tracer9 GT+ Y-AMT

La Tracer9 GT+ mise sur un arsenal technologique pour se distinguer dans la gamme Tracer9 : phares matriciels, pare-brise électrique, régulateur adaptatif, avertisseur d'angles morts et de collision, suspensions à réglages électroniques et bien sûr la boîte automatique Y-AMT découverte sur la MT-09 mais cette dernière est aussi dispo sur la Tracer9 et la Tracer9 GT. On peut regretter que le réglage de la précharge ne soit pas électronique, que le moteur CP3 manque de réactivité sous les 4000 tr/min ou qu'on retrouve encore le duo d'applications Yamaha MyRide et Garmin Motorize pour la navigation, mais surtout qu'on ne retrouve pas ce qu'on avait bien apprécié sur le système Y-AMT de la MT-09. La faute au poids de la moto, à son empattement, aux paramètres du logiciel, au caractère moteur ? C'est difficile à dire mais on a eu un fonctionnement moins discret et surtout un manque de sportivité pour une machine Sport-GT, même en mode D+ censé nous en donner un peu plus. En résumé, elle ne veut pas tomber un rapport et les enchaine trop vite à la montée. Il est vrai qu'en mode manuel Sport, c'est bien mieux mais pourquoi opter pour une boîte automatique là où un bon shifter up/down fait très bien le boulot ? C'est un choix dynamique étonnant de la part de Yamaha, mais pour le reste, l'arsenal technologique s'est montré très agréable et pertinent que ce soit l'aide au démarrage en côte, le régulateur adaptatif, le pare-brise électrique, l'alerte d'angles morts ainsi que l'ouverture des valises sans clé même si le bouton n'est pas facile d'accès si on est du côté droit de la moto. La Tracer9 GT+ n'est disponible qu'en boîte Y-AMT au tarif de 18999€ quelle que soit la couleur.

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