Essai BMW R NineT

Essai BMW R NineT

Par Jean-Michel Lainé le .

BMW lance la NineT dévoilée lors du 90e anniversaire de la marque, une machine totalement différente de ce qui se fait chez la marque allemande mais aussi ailleurs, un réel mélange de néo et de rétro pour des sensations de conduite inédites.

L'année dernière BMW Motorrad fêtait ses 90 ans en dévoilant cette NineT (prononcer  ninety  en anglais). Ce n'est pas une série spéciale comme l'avait été la R 1100 R 75e anniversaire, mais une machine totalement nouvelle par son coup de crayon, sa conception et ses sensations. La BMW NineT est surprenante à plus d'un titre.

Comme sur la R 1200 R, le moteur est porteur et le cadre en deux parties mais la partie arrière est totalement différente puisqu'elle se compose de 3 morceaux et non d'un seul. Le premier morceau au plus près du moteur permet au pilote de s'assoir et est donc indispensable. Ce n'est pas le cas des deux autres parties qui peuvent être ôtées. A l'extrémité de la machine, un petit morceau de cadre a deux fonctions principales, celle de tenir sur le support de feu et de plaque, et celle de pouvoir fixer le 3e morceau de cadre. Celui-ci est bien plus important puisqu'il permet d'avoir les repose-pieds (soudés) pour le passager et de le transporter. Sans cette pièce qui fait le lien entre la poupe et la base du cadre, l'arrière du cadre ne porte en effet que quelques kilos. On peut donc passer la NineT assez simplement en monoplace en démontant ce bout de cadre et en ajoutant un support (119 euros) pour le silencieux. Le résultat est plutôt réussi esthétiquement, que ce soit en mono ou biplace. On peut même totalement couper l'arrière après la selle du pilote et fixer la plaque au niveau de l'étrier de frein arrière.

Cette machine a été cataloguée dans les Vintage depuis qu'on en parle. Sans doute que le fait d'être née à l'occasion des 90 ans de BMW Motorrad y est pour quelque chose, quoi qu'il en soit de nombreux éléments sont très modernes dans leur traitement. La suspension Paralever est identique aux autres de la gamme R hormis les réglages. Ce n'est pas le cas de l'avant qui ne fait pas appel au Telelever mais à une fourche conventionnelle et très loin esthétiquement de ce qui se faisait avant puisqu'il s'agit de la fourche de la sportive S 1000 RR mais sans les réglages. Une fourche inversée de 46 mm avec des supports d'étriers de freins radiaux. Le freinage est assuré par 2 disques de 320 m à l'avant avec un mordant du coup assez étonnant sur ce genre de machine. L'ABS est présent sur les deux roues mais le freinage n'est pas couplé. Côté manques, on note aussi celui de l'anti-patinage qui aurait sans doute été bien pratique vu le couple disponible. L'équipement de notre NineT est très moderne. Si un gros phare rond cerclé est présent à l'avant, le feu arrière est à LED et très moderne. Le tableau de bord comprend de série un ordinateur entre les deux cadrans à aiguille, avec de nombreuses informations qu'on fait défiler sans lâcher le guidon en appuyant sur le bouton Info au comodo gauche. On y trouve de nombreuses informations dont la consommation moyenne qui s'est stabilisée à 6 litres aux 100 km après presque 200 km de routes de montagne, mais aussi l'indicateur de rapport engagé ou encore l'heure. Il n'y a par contre pas de jauge mais simplement un totalisateur spécifique qui se déclenche avec la réserve.

Le point fort de la NineT, c'est l'ambiance qu'elle dégage en roulant mais aussi en la regardant. De nombreuses parties en aluminium contrastent avec le noir brillant de la peinture. Le galbe du réservoir est mis en exergue par des nervures et des repose-genoux en alu. Dans le prolongement, la longue selle se pare d'une double surpiqure blanche et d'une petite étiquette  NineT  pour le style, un patronyme qu'on retrouve embossé sur le cache de l'entrée d'air. Les jantes à rayons sont immanquables mais, contrairement à celles d'une GS, elles n'acceptent pas de pneus sans chambre. Ce sera moins pratique en cas de crevaison. Les plus observateurs remarqueront le petit logo BMW au centre de l'optique mais le plus important, c'est le double échappement superposé Akrapovic, par son dessin et sa jolie finition mais surtout par sa sonorité omniprésente, marquée et profonde . Elle n'est pas sans rappeler le bruit des flats qui écumaient les circuits il y a bien longtemps.

Impossible de démarrer cette NineT sans remarquer cette musique qui rythme sans cesse le voyage. Impossible aussi de ne pas ressentir le couple de renversement qui avait disparu avec les nouveaux flats air/eau. L'ancien bicylindre à plat air/huile anime en effet la NineT et est parfaitement comparable à celui de la R 1200 R dans ses caractéristiques et ses performances. La démultiplication finale est plus courte pour mieux profiter du couple mais c'est tout. Le bon accueil de la selle et le large guidon qui incline très légèrement le buste sur l'avant favorise une conduite particulièrement aisée. La vivacité du moteur nous emmène d'un virage à l'autre à bonne allure. La NineT incite à tenir un bon rythme mais toujours sans contrainte. Très facile et accompagnée d'une sonorité très présente, cette BMW est très joueuse. C'est sans doute une des plus belles surprises de cet essai car dans la catégorie  Vintage , les machines le sont rarement autant. Emporté par notre élan et un amortissement assez ferme, il faudra tout de même faire attention aux raccords ou aux revêtements trop irréguliers même si un amortisseur de direction atténue les réactions. Sans doute qu'une R 1200 R est plus efficace sur tous les types de revêtements, mais la NineT a quelque chose que les autres n'ont pas, ce sont des changements d'assiette comme on le connait sur une moto sans le Telelever. Il faut alors davantage soigner ses trajectoires, ajuster au mieux son allure juste avec la poignée des gaz sans brutalité et sans abuser de l'usage des freins. C'est dans ces moments là qu'on trouve tout l'intérêt de cette machine avec un imaginaire qui prend facilement les commandes. On s'imagine traverser les paysages autant qu'on le fait. L'enthousiasme est malgré tout contrarié par la garde au sol mais ce n'est pas plus mal, parce que c'est ainsi qu'on profite le mieux de cette machine, lorsque le rythme s'accorde parfaitement aux paysages traversés.

Bilan essai BMW R NineT
Bilan essai BMW R NineT

Bilan essai BMW R NineT

Au final, la NineT surprend beaucoup dans la gamme BMW si on fait abstraction de son flat 1200 largement connu. L'esprit au guidon, le nombre d'options réduit, les bagages dédiés (sacoche de réservoir et sac de selle uniquement), l'absence de freinage couplé et d'ASC, le style soigné, la sonorité marquée, etc. tout se distingue de l'offre BMW. Dommage que BMW ne se soit pour l'heure uniquement concentré sur la personnalisation de l'arrière de la machine qui passe d'une selle mono à une biplace de belle façon car l'envie de rouler au guidon de cette NineT avec des guidons bracelets et des commandes reculées est là. On aurait gagné une silhouette un peu plus allongée et un bel hommage au passé qui aurait sans doute parfaitement convenu à cette machine qui au-delà de ses aspects techniques, nous plonge dans un imaginaire fantastique.

On aime bien

  • Le style très singulier
  • L'agilité d'un bon niveau
  • La sonorité profonde

On aime moins

  • Les pneus non tubeless
  • Les suspensions non réglables
  • L'absence de jauge et d'ASC

Notre avis

Quotidien
Voyage⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐
Duo⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐⭐

Photos essai BMW R NineT

Ecouter le son

Fiche technique BMW R NineT

Tarif (Mars 2014)15000 €
Puissance110 ch à 7750 tr/min
Couple119 Nm à 6000 tr/min
Frein avantDeux disques 320 mm
Frein arrièreUn disque 265 mm
Pneu avant120/70 - 17 pouces
Pneu arrière180/55 - 17 pouces
Hauteur de selle785 mm
Poids (constructeur)222 kg en ordre de marche
Réservoir/Conso18 L / 6 L aux 100 km

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

Vidéo essai BMW R NineT

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