Essai Harley-Davidson Street Rod

Essai Harley-Davidson Street Rod

Par Jean-Michel Lainé le .

Oubliez tout ce que vous savez sur la marque et la concurrence et partez à la découverte d'un nouveau type de roadster...

Révolution. Ce simple mot est le nom donné au moteur qui anime le Street Rod de Harley Davidson. Après la V-Rod qui avait créé la nouvelle famille des VSCR dans la gamme Harley-Davidson, cette machine étonne en proposant un nouveau concept. Pour la découvrir, on nous l'avait dit : il faut tout oublier, la production Harley-Davidson mais aussi la concurrence.

Moteur et boîte
Le "Revolution", c'est un bicylindre en V de 1130cm3 à refroidissement liquide avec un double ACT et 8 soupapes qui offre une allonge importante, une très large plage d'utilisation d'environ 4500tr/min à partir de 2000tr/min et un gros couple omniprésent.

A l'arrêt, surprise : pas une seule vibration. Le moteur tourne au ralenti sans un bruit. C'est dans les tours que la machine se fait entendre mais toujours avec très peu de vibrations ( 89db à 4125tr/min). Les manoeuvres au ralenti sont faciles grâce au moteur qui reprend en souplesse dès 1500tr/min avec une facilité déconcertante.

Le rythme s'accélère, on monte les rapports " à l'oreille " en pensant que le moteur tourne vite et qu'il faut passer le rapport supérieur mais pas du tout, on est à peine à 4500tr/min ! Le moteur autorise 8500tr/min avant d'atteindre la zone rouge et il tracte encore beaucoup passé la barre des 6000tr/min.

Pas avare en reprises, les vitesses atteintes sont largement prohibées et les accélérations sont tout le temps là, à tous les régimes, le moteur répond si on le demande gentiment ou non.

Les passages de rapports sont précis et peuvent être rapides avec un bon mouvement du pied. De toutes les façons, l'allonge offerte par le bi-cylindre est telle, que les changements de rapports sont rares même sur les routes un peu torturées.

Fourche et suspension
La fourche Showa inversée et les deux amortisseurs arrières font correctement leur travail. La stabilité est assurée sur des courbes très rapides, les changements d'angles sont faciles lorsque cela se resserre et le freinage s'effectue avec précision. Seuls les éléments arrières privilégient un peu plus le confort à une conduite sportive.

Pendant toute la durée de l'essai qui nous a conduit des routes du Jura au lac de Genève, le comportement de la machine a toujours été très sécurisant. Même sur des revêtements pas toujours impeccables, les virages sont abordés à très bon rythme avec une grande sérénité.

Freinage
Le freinage est confié à Brembo et il est tout simplement efficace. A l'avant, on trouve deux disques de 292mm. L'attaque est souple et la puissante disponible toujours exploitable, il suffit de serrer la poignée. Même sur un ou deux freinages d'urgence, rien à dire, ça freine fort et bien.

Le frein arrière est lui aussi très efficace. Aidé par le poids et la longueur de la machine, il est tout à fait exploitable et permet de ralentir fortement l'équipage sans basculer tout le monde vers l'avant. Il peut également facilement ralentir la monture dans une courbe qui se referme sans souci.

En profitant du couple moteur important, des freins avant puissants et du frein arrière, on peut exploiter le moteur sans arrière pensée, on sait que si on accélère fort, on peut freiner tout aussi fort.

Duo
La selle n'est pas très large et les jambes un peu pliées mais le confort du passager est bien là. Seul le réservoir un peu bas ne facilite pas la tenue du passager sur les freinages appuyés.

Pas tellement plus haut que le pilote, le passager est à l'abri du vent. Lorsque les kilomètres défilent, le confort reste constant au niveau de l'assise comme de la position, c'est très correct.

Confort
Si la Street Rod devait être classée dans une catégorie, c'est dans celle des roadsters qu'elle trouverait sans doute le mieux sa place. Si la prise au vent est nécessairement importante, la selle est accueillante. De nombreux kilomètres sur tous types de route nous le confirmeront.

La position est classique pour un roadster. Le buste est légèrement en avant en appui sur les bras et les repose-pieds placés à la verticale des fesses permettent de bien s'y appuyer dans les courbes comme sur n'importe quel roadster.

Toujours au rayon confort de roulage, une excellente surprise est la garde au sol qui correspond à celle que l'on retrouve sur la quasi totalité des roadsters du marché. Si vous avez l'appréhension de faire toucher les repose-pieds au premier virage, vous pouvez mettre cette idée de coté, il y a de la marge !

L'instrumentation soignée n'est pas très riche et un peu basse, il faut baisser la tête pour bien la voir, en revanche, la route saute aux yeux pour notre plus grand plaisir. Dans les détails qui comptent, on note un klaxon puissant et les clignotants à retour automatique qui s'actionnent avec un poussoir sur chacun des commodos : C'est tout simplement pratique.

Roulage
Si la Street Rod offre la position d'un roadster classique, sa géométrie est toute autre. La machine est longue et basse. Moteur et échappements sont placés bas et le réservoir d'essence sous la selle abaisse encore le centre de gravité. En selle, on se sent assez proche de la route et chose amusante, on voit la roue avant tourner devant le garde boue.

Sur le papier, la machine affiche plus de 250kg et pourtant dès le départ, on se demande où ils sont ! On change d'angle facilement grâce à la position typée " roadster " et le centre de gravité bas. Le moteur souple au ralenti nous envoie d'un virage à l'autre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire dès qu'on le lui demande. Chaussé de D208, le Street Rod enchaîne les virages sans frotter à très bonne allure, on freine fort en entrée de courbe et on en ressort tracté par un moteur à l'allonge qui ne semble pas finir.

En dehors des routes très torturées où seul un Supermotard saurait tirer son épingle du jeu, la Street Rod est à l'aise partout. Sur les portions rapides et dans les grandes courbes avec une stabilité à toute épreuve même si le revêtement change, dans les routes pleines de virages grâce à son moteur gorgé de couple aux reprises toujours présentes et à une garde au sol très respectable. Même flâner en ville ou rouler sous la pluie en profitant de la souplesse moteur, le Street Rod sait le faire !

Bien entendu, on n'improvise pas en courbe comme on peut le faire avec une machine hyper-sportive, mais la vitesse de passage en courbe peut-être très honorable si on le souhaite. Le plaisir est de tracer des courbes parfaites, de rechercher la trajectoire idéale, celle qui peut être prise le plus rapidement possible en dessinant un arc de cercle à la perfection comme on le ferait avec un crayon sur une feuille de papier. Ce jeu presque artistique procure une autre idée de la route, une idée que l'on retrouve assez rarement dans la production actuelle.

Du coté de l'autonomie, rien à dire. Avec les 18 litres, on passe facilement la barre des 200km en roulage varié sans aucun problème, le twin se montre peu gourmand en exploitant le couple important qui est tout de même disponible sur une plage de 4500tr/min !

Bilan essai Harley-Davidson Street Rod

Oubliez tout ce que vous savez et encore plus les préjugés sur les machines américaines et les customs ! Celle-ci n'est pas un custom mais bien un roadster avec une autre architecture qui s'est montrée parfaitement adaptée à nos routes.

Le Street Rod se pilote comme un roadster en proposant une approche différente qui ne manque pas d'intérêt. Tracer des courbes irréprochables devient une obsession, le moteur plein à tous les régimes distille un couple et une allonge très agréable qu'on ne se lasse pas de titiller.

Ce roadster prend à contre-pied tout ce que l'on connaissait dans la catégorie. Cette machine est à découvrir d'urgence, que vous soyez adepte convaincu ou non de la marque américaine, on ne passe pas insensiblement à coté d'un " Revolution " !

Prix public conseillé : 16900€ en noir (mai 2005)

Photos essai Harley-Davidson Street Rod

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