F1 contre moto GP

yannik750
28 mars 2006 à 1:00

PUISSANCES ORGIAQUES...

Imaginez d'abord le rapport des forces en présence.
A tout seigneur, tout honneur : la Formule 1.
V10, 3 000 cm3 de cylindrée, environ 850 à 950 ch, 600 kg avec lest et pilote.
MOTO GP
Les dernières moutures font état de 4 temps, V4, V5..., de moins de 1000 cm3, 145 kg pour 220 à 240 ch environ.
RAPPORT DE FORCE AU LITRE
F1 : 283 ch minimum (+)
MOTO : 220 à 240 ch
RAPPORT POIDS PUISSANCE
F1 : 0,70 minimum
MOTO : 0,54 (+)
Nous constatons que le rapport de force au litre (1 000 cm3) est supérieur sur la F1, tandis que le rapport poids/puissance est comme toujours favorable à la moto. Nous noterons que les deux poids affichés ont légitimité d'être atteint (poids minimal requis).


moto_angle.jpg

Cette photo illustre parfaitement la faible surface d'appui et l'angle pris en moto GP. La stabilité du couple machine/homme repose sur quelques millimètres carrés de caoutchouc.

DUEL “SCHUMI” / “THE DOCTOR”
La F1 et les Moto GP partagent parfois les mêmes circuits. Sur le Grand Prix d'Espagne de Barcelone, comparons les chiffres F1 contre moto GP, et particulièrement ceux de Michaël Schumacher et de Valentino Rossi (saison 2003).
F1 - pole position accomplie en 1 minute 17 secondes 762 centièmes.
Moto GP - pole position accomplie en 1 minute 43 secondes et 927 centièmes.
F1 - vitesse maximale atteinte : 331,5 km/h
Moto GP – vitesse maximale atteinte : 325,9 km/h.
F1 - Virage du Campsa franchit à 221 km/h
Moto GP – Virage du Campsa franchit à 135 km/h.



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En Formule 1, non seulement on vire à plat, mais qui plus est on peut se permettre de "bouffer les trottoirs" pour écourter les trajectoires, voire de mordre sur le gazon. Encore des secondes de grappillées...

UNE MOTO, ÇA RAME DONC ?

Hé ! Force est de constater que la F1 est meilleure partout...
Pas d'anathème cependant.
Les motards pilotent avec leur tripes et leur c½ur, le danger est omniprésent, omnipotent...
Pour les "caisseux", c'est quand même plus relatif.
La réalité, en fait, même s'il nous apparaît pour indéniable le mérite supérieur des motards, est dans l'adhérence.
Les motards ont deux roues, les F1 en ont quatre. La surface de gomme et d'adhérence militent avec libéralité en faveur de la F1.
Pis ! La F1 est scotchée à la route grâce à une armée d'appendices destinés à la plaquer au sol quand la moto vire sur quelques millimètres carrés d'adhérence et dans un angle qui circonscrit fatalement la vitesse (la F1 vire à plat, la moto... s'incline dramatiquement et glisse, même, quelquefois, de manière plus ou moins contrôlée).


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Accélération en moto GP : ça lève...

L'ADHÉRENCE

Faisant même abstraction de la surface d'appui et de rétention au sol plusieurs fois supérieures par simple construction sur une F1, il nous paraît judicieux de rappeler qu'une moto se pilote sans aucune espèce d'assistance.
La F1, aujourd'hui, elle, est devenue une sorte d'engin assistée par l'électronique où le pilote, parfois, ne possède plus aucune forme de maîtrise sur les différents intervenants de la course. Les vitesses passent toutes seules si nécessaires selon un savant calcul électronique pondérant la poussée d'accélération, la vitesse réellement atteinte, etc., les départs étaient encore automatiques il y a très peu de temps (il suffisait d'engager la procédure de départ et d'accélérer à fond), le freinage est auto-régulé (un "ABS" qui ne dit pas son nom), la voiture ne cale pas instantanément (certains aspects de cet assistanat électronique varient au fil des saisons et des réglementations de la FIA)...
La moto, elle, se pilote avec les avant-bras, les jambes, le torse et dans des conditions, en tous lieux, extrêmement précaires, pour une puissance presque similaire.


Y'A PAS À TORTILLER

Une moto cabre, une F1 est plaquée au sol. La motricité en sortie de virage d'une F1 est ahurissante, celle d'une moto, toujours délicate, au "feeling", pour éviter le décrochage de la roue arrière.
Une F1 freine plus fort et plus tard (quelques généreuses secondes de gagnées sur un tour), avec un transfert des masses réduit quand il est dantesque sur une moto.
Quatre roues, c'est aussi plus de grip, une meilleure arme pour combattre la force centrifuge. Une F1 qui dérape ne sortira que rarement. Sous les mêmes auspices, une moto ne restera, elle, que très rarement sur la piste et encore, après avoir zigzagué quelques secondes. Les pilotes motos doivent donc composer avec ce paramètre "d'éjectabilité"...
La moto est en proie à une pluralité de phénomènes physico-mécaniques dont la F1 se passe (guidonnages, perte de rigidité, perte de motricité inopinée….
La F1 possède une force d'appui telle (effet de placage au sol) qu'à très haute vitesse, elle pourrait défier les lois de l'apesanteur. En quelque sorte, rouler au plafond (une tonne et demi d'appui qui se ventile pour un tiers au fond plat et pour les deux autres deux tiers aux ailerons)...
La simple décélération d'une F1 est égale à 1G, soit à un freinage d'urgence sur une voiture de tourisme.


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Accélération en Formule 1 : ça plaque !

EN CONCLUSION

Simplissime : une F1 va plus vite, ou, plutôt, peut aller plus vite qu'une moto GP. Mais cela retourne davantage des lois de la physique que d'une compétitivité supérieure. Les deux disciplines sont très physiques, la moto est plus dangereuse, plus "virile", plus "sensitive" aussi. Au final, la moto demeure le dernier sport mécanique où aucune espèce d'assistance électronique de confort ou de gestion est loisible. Cela a un prix. En dépit d'un rapport poids/puissance unique (en bout droit, elle peut faire jeu égal, voire enfumer une F1), elle ne pourra jamais se confronter à une Formule 1 du fait même de son architecture qui induit des paramètres qui altèrent ses performances intrinsèques, notamment dans les courbes et au freinage. Il n'en reste pas moins que ces deux "véhicules" constituent bel et bien ce qui se fait de plus puissant en termes de mécanique thermique et que l'une comme l'autre sont bâties de l'argile qui insuffle la passion.
On ne peut que les aimer, l'une et l'autre, pour leurs aspects jusqu'au-boutistes.