Comment pratiquer

Par jambe_de_laine
jambe_de_laine

(trouver sur le forum enduro d'un site)

Pratiquer la moto verte ne semble pas être une mince sinécure pour la plupart d'entre vous. Au-delà des problèmes de permis, d'assurances, de coût d'entretien, de condition physique, il faut aussi composer avec les tracas propres à un domaine que certains ont tenté de miner. Où aller? Comment? Pour que vos virées ne tiennent pas du parcours du combattant, vous pouvez suivre le mode d'emploi qui suit, moult fois vérifié.
Il convient tout d'abord de dénoncer l'essentiel. Malgré tout ce qui a été dit, lu, vu et entendu depuis l'avènement de la Loi Lalonde, malgré les campagnes d'intoxication orchestrées par le ministère de l'Environnement, les groupes de pression écolos ou les Parcs Naturels Régionaux, sachez que vous pouvez toujours randonner en moto verte en toute quiétude. Les textes légaux sont finalement très clairs sur ce point.
Ce dossier correspond aux possibilités de la randonnée individuelle. Présidents de clubs, organisateurs, cette enquête est aussi la vôtre dans la mesure où s'y trouvent les fondements de la liberté publique de circuler, lesquels conditionnent aussi bien les sorties personnelles que la pratique de groupe.

Que dit la Loi ?

En résumé, la Loi Lalonde n° 91-2 du 5 Janvier 1991 ne proscrit qu'un seul dérapage : le hors-piste. Cette disposition ne nous gêne en aucune façon puisque la randonnée motorisée n'a emprunté, n'emprunte et n'empruntera toujours que chemins et pistes, c'est à dire des voies de communication. L'article 1 précise même que vous pouvez non seulement circuler sur les voies rurales et communales, mais aussi sur les chemins privés dits " ouverts ".
Cette notion d'ouverture à la circulation publique est fondamentale, sachez-le et ne l'oubliez jamais. Elle est aussi très large puisque une multitude de textes officiels (dont je vous fais grâce!) rappellent que "des traces marquées autorisant le passage du véhicule", "le fait qu'il existe un trafic général et continu" ou "l'absence d'obstacle physique ou de panneau" suffisent pour légitimer votre présence sur un chemin, fût-il privé! Etonnant non? Cela étant dit, cela ne signifie pas que vous ayiez le droit de tourner sur des pistes de ski ou des chemins évidents d'exploitation... Simple question de bon sens, il ne faut pas se placer dans une position indéfendable ou " limite ".
Mais revenons à nos moutons. En définitive, la notion d'ouverture à la circulation répond en écho à la liberté publique d'aller et de venir, dont les Droits de l'Homme et la Constitution sont normalement les garants... En ce sens, la Loi Lalonde peut même être taxée d'anticonstitutionnalité, comme l'a d'ailleurs démontré l'étude réalisée à la demande du Codever (1991) par le Cabinet Lyon-Caen, la sommité en matière de Droit Administratif et Constitutionnel. Cette Loi porte en effet atteinte à la liberté de circuler pour des motifs juridiquement contestables, et surtout cautionne des interdictions générales et absolues, génère des discriminations entre usagers, et fait une entorse au principe de la libre administration des communes par l'octroi au préfet d'un pouvoir de substitution. De même, le pouvoir de verbalisation donné aux agents de l'ONF, de l'Office de la Chasse, de l'Office de la Pêche, a été jugée par le cabinet Lyon-Caen comme " injustifiée et pouvant nuire à une bonne application de la Loi ".
Tout ceci est important : cet exposé démontre avec clarté que votre activité de loisir n'a rien de coupable!
Le décret d'application, en date du 20 mars 1992, ne sonne guère mieux, puisqu'il vous considère -en cas d'infraction- comme des délinquants de 1ère catégorie. Pour vous donner un ordre d'idée, c'est le " prix " payé pour agression ou racolage sur la voie publique! Mais que ces menaces stériles ne vous fassent ni peur, ni craindre le pire : elles ne concernent que les éventuels auteurs d'un hors-piste sauvage...
Le moto verte a encore de belles années devant lui, pour peu que vous ne baissiez pas les bras, que vous preniez connaissance de vos droits fondamentaux et que vous organisiez vos randos d'une manière pragmatique et étudiée.
Roulez Jeunesse!

Mais comment diable préparer un itinéraire attractif? Simple, très simple.

Il faut simplement APPRENDRE à naviguer, à lire une carte routière détaillée, à savoir interpréter les indications qu'elle livre spontanément, sans fard. C'est essentiel, que dis-je, primordial. Une carte vous indique l'altitude, la position des cavées et des parties sommitales, des ruisseaux et des rivières, des bois et des champs, le dénivelé des pentes, la position des fermes et des habitations. Elle vous permet ainsi, à condition de ne pas rouler comme un " tambour ", de faire l'impasse sur les grosses propriétés privées évidentes, les forêts domaniales sensibles, les réserves naturelles, les cours de fermes, les lotissements, etc. Elle rend possible le repèrage des reliefs très accidentés, des marécages, bref de tous les terrains susceptibles de pimenter la balade de franchissements épiques mais aussi... de pièges horribles. Par l'étude des cartes, vous avez donc le loisir déviter ces derniers ou de les sélectionner en fonction du niveau " a priori " des difficultés. De même, en contournant habitations, hameaux et grosses fermes, voire les itinéraires pédestres balisés (GR), vous gommez les risques d'effectuer des mauvaises rencontres! Et oui, tout ceci à partir d'une simple carte... et d'un sens aigu de l'orientation.
Maintenant si orientation et navigation vous échappent totalement, je vous l'affirme, apprenez d'urgence. Si vous êtes définitivement réfractaires à ces domaines basiques, alors mettez-vous au... bilboquet! La rando, ce n'est pas votre truc.
Ensuite, vous vous demandez certainement comment il est possible de reconnaitre " physiquement " un chemin communal d'un rural, une voie privée " ouverte " d'un sentier d'exploitation " fermé ". La réponse se révèle, elle aussi, limpide et rassurante : à partir du moment où vous n'empruntez pas un itinéraire de toute évidence peu compatible avec l'utilisation d'un véhicule, fût-il un moto verte (simple question de bon sens), le classement complexe des voies, leur appartenance, la signalisation sauvage, le pernitieux écheveau des décrets et autres arrêtés -souvent contradictoires avec la Loi...- ne vous regardent absolument pas!
En effet, tous les arrêtés -locaux- qui peuvent être légalement pris par municipalités et préfectures pour limiter le droit de circuler, ne sont pas la... Loi! C'est la raison pour laquelle ils doivent impérativement être portés à votre connaissance par une signalisation, en vertu de l'article R44 du Code de la Route.
Cette disposition, fort logique et fidèle aux principes du Droit français, vous facilite grandement la vie.
Ainsi, dans le cadre d'une randonnée individuelle, entre amis, en comité restreint, contentez-vous de respecter les panneaux règlementaires. Ou si vous préférez, l'absence d'une quelconque signalisation vous confirme dans votre droit de circuler, n'en déplaise aux esprits chagrins. Car sans panneau règlementaire pour le porter à votre connaissance, un arrêté, quel qu'il soit, vaut auatnt qu'un ticket de métro déjà composté...
Ne tombez pas dans le panneau!

Qu'est-ce qu'un panneau règlementaire? Car la question reste d'importance dans la mesure où vous n'êtes tenu de respecter que les interdits matérialisés de façon rè-gle-men-tai-re. En la matière donc, un panneau est " normalement " composé de trois parties distinctes.
La première est constituée par le fameux " rond " blanc cerclé de rouge. Si rien n'est mentionné à l'intérieur, cela signifie que l'interdiction tous les véhicules, motorisés ou non. Dans ce cas, Vttistes et cavaliers ne semblent pas souvent se rendre compte qu'ils sont également concernés... Sinon, doit être précisée la catégorie visée par la limitation : " tout véhicule à moteurs ", " motos ", " autos ", " chevaux ". En revanche, on notera ques les mentions " interdit aux motos vertes ", " aux véhicules tout-terrain ", " aux moto verte " ne sont pas acceptables, simplement parce que ces expressions ne correspondent pas à des définitions juridiques de véhicules. Le Code de la Route ne fait aucune différence entre une moto de route et une d'enduro, entre une berline et un 4X4. En prime, pour ceux qui le peuvent, rien ne vous empêche de rouler en deux roues motrices...
La seconde partie est matérialisée par un rectangle blanc allongé, dit pannonceau, qui vient se placer sous le rond blanc cerclé rouge. Il doit mentionner le numéro et la date de l'arrêté, ainsi que le nom de la commune (ou préfecture) qui a pris la mesure.
La troisième partie est composée d'un second pannonceau de même format que le précédent et installé sous celui-ci. A noter qu'il peut y en avoir qu'un seul, mais de plus grande dimension... Quoi qu'il soit, doivent être précisées les limitations dans l'espace et surtout le TEMPS, de la décision répressive. Il s'agit là de l'un des principes fondamentaux du Droit français, selon lequel toute interdiction de circuler ne peut se montrer, ni générale, ni absolue. Un maire, notamment, ne peut donc ni interdire tout le territoire de sa commune, ni fermer des chemins publics en permanence, qu'ils soient communaux ou ruraux. Quelques exemples pour plus de clarté : " du 15 juin au 15 septembre pour risques d'incendie ", " du 10 février au 1er mars, barrière de dégel ", etc.
Attention toutefois à deux domaines particuliers : les réserves naturelles et les parcs nationaux (pas les régionaux!). La plupart des voies non revêtues qui les traversent restent pour la plupart rigoureusement interdits à la circulation motorisée, légalement. D'ailleurs, les signalisations adéquates, omniprésentes, ne laissent aucun doute à ce sujet...
En forêt, deux cas de figure peuvent se présenter. Dans les forêts domaniales, du domaine privé de l'Etat, gérées directement par l'Office National des Forêts (ONF), toutes les pistes forestières ne sont pas prohibées, loin de là. Ici comme ailleurs, les interdictions doivent être matérialisées par des barrières ou des panneaux exibant l'emblème de l'Office : elles peuvent en revanche se passer légalement de limitation dans le temps. Dans les forêts communales ou départementales, il est possible de circuler librement sur tous les axes cadastrés : toutes les pistes sont donc à vous, à l'exception des chemins évidents d'exploitation qui se terminent souvent d'ailleurs en culs-de-sac! Même si ces forêts sont parfois " soumises " au Code Forestier (donc à l'ONF), l'ingérance du Saint Office ne change en rien le statut des chemins et c'est logique : vous gardez intact le droit de rouler sur les voies ouvertes à la circulation. Qu'on se le dise!
Comme vous avez pu le constater par vous-mêmes, les signalisations règlementaires et légales sont plutôt rares, sauf dans les parcs nationaux et les forêts domaniales. Ailleurs, on récolte les fruits d'une république bananière : les excès engendrent les excès. Dans certaines régions de France, barrières, chaines et signalisations abusives commencent à être mises à mal, parfois détruites systématiquement, souvent d'ailleurs par les chasseurs. A qui la faute?

Ne vous laissez pas rouler sur les bottes!

Maintenant vous savez où vous pouvez randonner et où vous ne devez pas poser vos tétines. La protection de l'environnement et l'image du moto verte passent par le respect des lois en vigueur, même si certaines de leurs facettes sont contestables. Ne roulez que sur les chemins!
Cela étant affirmé avec conviction, vous connaissez par voie de conséquence les traquenards susceptibles d'être tendus. Car bien évidemment, même en circulant dans votre bon droit, en citoyen honnête et responsable, vous n'êtes pas à l'abri d'une verbalisation abusive!
Dans cette éventualité et si vous n'avez vraiment rien à vous reprocher, au moment où le PV est dressé, ne reconnaisez pas les faits et contestez-les. C'est votre droit et surtout votre intérêt! C'est valable pour une verbalisation émanant d'un agent zélé de l'ONF (ils sont toujours zélés...), mais aussi pour toutes celles que l'on peut imaginer : non respect d'un arrêté municipal, préfectoral ou de biotope non matérialisé sur le terrain et que vous reprocherait tout policier, gendarme, maire, agent assermenté de l'Office de la Chasse ou de la Pêche.
Bien sûr, votre attitude " réfractaire " vous conduira, ultérieurement, devant un tribunal de Police. Et alors? Aller en Justice est un droit et le seul moyen en l'occurence d'une juste application de la Loi : n'hésitez pas à y avoir recours. Car même si vous perdiez, la condamnation éventuelle n'en sera pas plus lourde pour autant, surtout si votre démarche est fondée. Ainsi, en suivant le mode d'emploi du Codever, 98des contrevenants potentiels (PV des agents ONF en général) ont-ils été relaxés par la Justice.
En ne vous laissant plus rouler sur les bottes, en adoptant une attitude courageuse, vous préserverez une liberté essentielle tout en éduquant les " maniaques du PV " et les détracteurs chroniques.
Il va de soi que tout ce qui précède rentre dans le domaine exclusif de l'éventualité et du " au cas où ". Il convient donc de dédramatiser la situation sans ignorer pour autant les avatars auxquels on peut s'exposer. Tout ceci ne va finalement pas bien loin : le moto verte ne viole pas de jeunes filles et n'agresse pas les grands-mères pour leur dérober leurs sacs à main. Relativisons. La prise de " risques " se révèle même quasiment nulle en balade individuelle pour peu qu'on adopte un comportement responsable et paisible. Les espaces sont si vastes dans nos montagnes et campagnes dépeuplées qu'il est possible de partir à la découverte de régions entières sans connaitre d'anicroche, sans rencontrer un gaulois belliqueux.

Soignez votre look!

Je ne fais pas spécialement allusion à votre apparence. Quoi que... Si le 4X4 passe plus mal que la moto auprès des paysans et des montagnards, c'est simplement qu'il est dans les esprits synonyme de bourgeoisie nantie. A tort ou à raison. Il faut en tenir compte. Evitez les tenues BCBG (totalement déplacées d'ailleurs...) ou les " déguisements " grotesques. On en voit trop souvent en " costume " d'aventurier africain ou en combinaison de compétition. Ca fait ringard, notamment quand le talent du pilote n'est pas directement proportionnel à ce look... fâcheux. Choisissez votre style -on est en république- mais habillez-vous simplement. Naturel quoâââ...
Dans le même ordre d'idée, et surtout en randonnée individuelle, arrangez-vous pour que la voiture ne ressemble pas à un bolide échappé du Paris-Dakar. Virez les autocollants, voire les numéros apposés sur les portières. Ca ne fait pas sérieux, il faut arrêter de se la jouer comme des... complexés, des frustrés fantasmant sur leurs carrières ratées de pilotes de course!
Bien entendu, il y a autrement plus important. Il convient surtout de soigner les comportements dont certains peuvent être interprétés comme des actes irresponsables par d'autres usagers des chemins, souvent néophytes.
Pour commencer, il faut rouler silencieux. Même si ce fléau concerne essentiellement la moto, il est clair que le ronronnement excessif de certains échappements ne contribue pas à redorer notre blason, en particulier auprès des marcheurs.
Ensuite, roulez à une allure ADAPTEE. On peut se faire plaisir, mais en roulant " intelligent ". On peut se tirer la bourre de temps en temps, mais pas n'importe où (visibilité...), ni n'importe comment. Imaginez un seul instant la bobine du pédestre ou du cultivateur voyant débouler dans un nuage de poussière une voiture à plus de 100 km/h... Or, celui qui a (ou eu) peur, ne pardonne jamais! Ne fabriquez pas, même involontairement, des intégristes anti-moto verte. Vous n'êtes pas seuls sur les chemins : ralentissez ou arrêtez-vous en croisant randonneurs, paysans et forestiers. Saluez-les. Coupez carrément votre moteur à la rencontre d'un cavalier. Si un râleur se manifeste, perdez dix minutes pour discuter le coup, quitte à lui mettre calmement le nez dans son caca : les chemins sont à tout le monde.
Parallèlement, même en comité restreint, entre amis, envisagez vos destinations aux périodes appropriées. A proximité des grandes agglomérations, ne sortez pas le dimanche, jour sacré du piéton. Evitez le sud-ouest pendant la chasse à la palombe et l'Alsace durant la chasse au gros, ou bien encore les " pots de miel " à pédestres, tel que le massif du Mont-Blanc, embouteillé par les " gros-mollets-gros-sacs " en plein mois d'Août. Interdisez vous le pourtour méditerranéen -dejà envahi par les estivants- pendant l'été où les risques d'incendie sont certains. Etc.
Sur le terrain, il suffit par ailleurs d'appliquer de simples règles de bon sens. Modérez ostensiblement votre allure à l'approche des habitations, passez au ralenti (VRAIMENT AU PAS!) devant les cours de fermes, ne foulez pas les chemins d'exploitation des vignobles et des cultures, ne jouez pas dans le lit des rivières dans leur... longueur, n'effectuez pas vos demi-tours dans les champs ensemencés, etc. Ce sont quelques évidences qu'il est toujours bon de rappeler.
Et surtout, ne quittez jamais les chemins. Vous ne pourrez jamais être accusés de détèriorer une flore, inexistante par définition sur une voie de communication, ou de déranger une faune, déjà habituée à voir régulièrement déambuler engins agricoles et forestiers à longueur d'année.
Enfin, voyagez systématiquement à deux véhicules minimum, pour l'agrément d'abord, mais aussi pour votre propre sécurité.
Bien sûr, trop de facettes de cet exposé ressemblent à de solides leçons de morale et croyez bien que j'en suis le premier désolé. Mais il est clair que les améliorations des comportements doivent devenir des réflexes, des automatismes. Elles constituent, au-delà du respect des autres et du souci de vivre en bonne entente, le faible prix à payer pour banaliser l'image d'un moto verte sur les chemins, donc pour le faire définitivement accepter par le milieu rural comme par les autres disciplines de loisir vert.
La France est à vous. Vous pouvez préparer votre barda et partir le coeur léger et serein. Je vous souhaite de passionnantes virées, surtout à vous les individuels. Parce que vous êtes obligatoirement des navigateurs, de vrais voyageurs, des gens forcément posés. Parce que c'est vous qui faites le marché. Bonne route!

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