Essai Indian Sport Chief RT

Indian complète sa gamme avec cette Sport Chief RT qui repose évidemment sur la Sport Chief qui sort du catalogue. Elle ajoute un combiné d'amortisseurs réglables et une paire de valises rigides mais perd quelques petites choses pour cette année 2025.

Les baggers font le gros des ventes aux USA comme en France dès qu'on monte en cylindrée mais les cruisers représentent une part non négligeable pour les marques américaines. Ce sont des motos plus accessibles car plus légères même si on reste autour des 300 kg, plus épurées mais aussi plus dynamiques. Elles sont aussi de bonnes bases pour être customisées parce qu'aucune fioriture n'est présente. Deux roues, un guidon et un gros moteur font tout. Ce n'est pas vraiment pratique ni confortable pour partir sur un week-end ou une grosse balade, c'est pour cette raison que la RT est là avec des valises rigides et une meilleure assise.

Moteur 116 ci avec un peu moins de couple

C'est le moteur Thunderstroke 116 ci (1890 cm3) qui anime cette Sport Chief RT. Ce moteur accompagnait le retour de la marque en 111 ci avant d'évoluer vers le 116 ci qu'on connait actuellement. A l'heure où la production se tourne en quasi totalité vers les moteurs à refroidissement liquide au désespoir des puristes, notre RT reste fidèle au V-Twin 116 à refroidissement par air. Le bicylindre offre une belle sonorité sourde et profonde, pas trop présente, juste ce qu'il faut pour l'apprécier. Mais il évolue aussi avec la norme Euro5+ entrée en vigueur en 2025 et perd un peu de couple, 6 Nm précisément, pour passer à 156 Nm à 3300 tr/min, c'est 100 tr/min plus haut que la Sport Chief 2024. Mais il en reste ! A la conduite, ce moteur est gras et rugueux à la fois, il tracte beaucoup autour des 3500 tr/min avec une poussée incroyable quand on enchaine les rapports gaz en grand. La commande de boîte est ferme, c'est du brutal aussi. Cette conduite est exactement ce qui nous plaisait au guidon de la Sport Chief mais gare aux revêtements humides avec ce couple impressionnant parce qu'il n'y a pas de contrôle de traction. Dans ces conditions, les démarrages sont souvent à doser avec des pincettes tout comme l'embrayage.

Ce gros moteur peu avare en sensations et particulièrement exubérant possède une fonctionnalité parfaite en ville. En allant dans les menus du tableau de bord, on peut changer un paramètre qui désactive le cylindre arrière lorsqu'on est à l'arrêt. On économise sans doute un peu de carburant mais surtout ça dégage bien moins de chaleur quand on est arrêté à un feu par exemple ce qui nous évite de se faire griller les cuisses les jours d'été mais pas seulement. Un petit picto au tableau de bord s'illumine lorsque le cylindre arrière est inactif. Le plus remarquable, c'est de ne rien sentir lorsqu'il se remet en route dès qu'on s'élance. Ce système épatant pour le confort et fonctionne très bien sans rien enlever de la brutalité de ce V-Twin au démarrage.

Plus d'agrément que la Sport Chief pour la RT

Il y a certes des valises sur la RT que ne possède pas la Sport Chief standard, mais les amortisseurs sont différents et réglables assez finement. En revanche, la fourche inversée qui était réglable ne l'est plus. Le disque de frein arrière perd aussi 2 mm mais ce n'est pas important. La partie cycle de la Sport Chief était très réussie dans la catégorie et avec ces nouveaux éléments Piggyback c'est plus efficace mais surtout plus confortable parce qu'avec la même course de 100 mm, ça doit travailler un chouïa mieux. On ressent moins les irrégularités de la route dans le bas du dos, au fil des kilomètres ça fait la différence. La selle change aussi, ça joue sans doute un peu aussi sur le confort et elle nous maintient parfaitement le coccyx pour profiter des accélérations de la Sport Chief RT bien calé. La position de conduite ne change pas avec les pieds légèrement en avant, les bras légèrement relevés avec la rehausse des T qui donne la sensation d'un mini Ape Hanger. Il n'est pas très large, on le sent lorsqu'il faut manoeuvrer ou engager fermement la moto dans une courbe rapide. Il y a un coup à prendre, mais on peut se faire plaisir avec un bon rythme sur ce cruiser très démonstratif même s'il a perdu un peu de garde au sol en 2025 et que l'ajout des valises s'accompagne de 11 kg supplémentaires sur la balance. Par contre n'espérez pas être protégé par la tête de fourche, elle est purement décorative.

Pour un petit week-end en solo, on a des valises rigides qui ferment à clé contrairement au réservoir où la serrure est en option. Elles sont étanches et font 37 litres à elles deux, autant dire qu'il faudra compter les t-shirts, slips et chaussettes si vous envisagez de partir une semaine. C'est environ la contenance d'une seule valise d'un bagger. On peut y répartir ses petites affaires pour partir un week-end ou au bureau, ou encore rapporter quelques petites courses de dépannage en se passant d'un sac à dos. Dans la valise de droite, vous pouvez même revenir chez vous avec un burger tout chaud puisqu'elle est juste au-dessus des pots d'échappement, il sera maintenu à température. Ces valises changent le style de cette moto mais sont aussi pratiques même si elles ne sont pas très grandes. Ça dépanne et ne change en rien les sensations de conduite.

Connectivité complète

Si on n'a pas d'anti patinage, on a un tableau de bord tout rond, petit mais ultra complet et tactile qu'on connait bien sur la gamme Chief. Il ne change pas. On peut connecter son smartphone et son casque pour écouter de la musique ou suivre la navigation avec une petite carte sur l'écran pour compléter les commandes vocales. A noter que la navigation fonctionne même si on n'a pas d'application sur son smartphone ce qui est de plus en plus rare, la puce GPS est intégrée. L'application Indian ne permet d'ailleurs pas grand chose à part enregistrer ses trajets et les partager avec ses amis mais on y reviendra. On utilise ça avec les boutons aux commodos, au pouce gauche la musique et les boutons aux index pour valider ou revenir en arrière. Le commodo droit reçoit le bouton pour le régulateur de vitesse. Il n'y a pas de bouton dédié aux modes de conduite (Tourisme, Standard et Sport), il faut appuyer sur l'écran une fois l'affichage des modes visibles. Ce n'est pas très pratique il faut le reconnaître mais on ne change que rarement de mode et dans tous les cas, le moteur reste assez brutal avec ses 1890 cm3. Ce n'est pas sa rondeur qui le caractérise, alors on reste le plus souvent en mode Sport parce que c'est celui qui est le plus joueur des trois même si les différences ne semblent pas importantes. Enfin, pour compléter le tableau électronique, une prise USB-A est disponible à l'avant du réservoir fixée sur le cadre et protégée par un petit capuchon quand on ne s'en sert pas. Ce n'est pas très pratique non plus mais pas trop loin du guidon si vous fixez un téléphone dessus.

Bilan essai Indian Sport Chief RT

On retrouve évidemment toutes les caractéristiques de la Sport Chief au coeur de cette Sport Chief RT. L'ajout de valises rigides ainsi que le changement des amortisseurs et de la selle, ne révolutionnent pas la moto. Nous ne sommes pas en terre inconnue. Le moteur a un peu moins de couple mais il en reste suffisamment pour se faire plaisir avec les accélérations tonitruantes qu'il nous délivre. Pour en profiter longtemps, le mieux est sans doute le gain un confort pour l'assise même si la position est identique. C'est plus agréable, moins brut de décoffrage, on envisage même de prolonger la balade sans aller voir son ostéopathe. C'est sans doute pour ça qu'Indian a ajouté des valises, pour partir en week-end avec son cruiser sans acheter un bagger. Les deux valises font environ la contenance d'une seule sur un bagger, alors il faudra compter ses effets personnels mais c'est tout de même pratique. On peut regretter le réservoir qui ne ferme pas à clé, la tête de fourche qui ne protège pas du tout, la fourche qui n'est plus réglable et l'absence d'un contrôle de traction, mais pour le reste on est au guidon d'un cruiser qui donne envie de se balader et d'abuser de ce V-Twin Thunderstroke 116 qui n'est pas avare en sensations. On peut se laisser guider par la GPS qui s'affiche sur le petit écran tactile, c'est pratique. C'est un véritable art de vivre ce genre de moto et la Sport Chief RT est une parfaite alliée pour cet exercice. Il ne reste qu'à s'amuser. Elle est disponible à 23990€, c'est 1500 de plus que la Sport Chief standard 2024.

# mots clés