Juste une petite histoire de Quad

jeff39
19 octobre 2004 à 16:35

Vous n'êtes pas obligés de lire cette petite anecdote.
Elle est là juste pour le fun !

La voici :
"
Hier soir, une fois les enfants installés à leurs devoirs, alors qu'il restait une petite heure avant la nuit, j'ai sorti le bolide pour aller tâter du chemin.

C'est vrai, j'avais un peu les oursins vu que le samedi avait été passé à Dijon et que le dimanche, ultra pluvieux sans discontinuer le matin, m'avait frustré d'une sortie planifiée dans ma tête pour 10 h. Et dimanche dès midi, Anniversaire de Catherine chez les beaux-parents, donc pas de quad l'après-midi tout seul comme un égoïste !

Fallait donc que je me libère de tout ce retard ! Une fois parti du lotissement sur le chemin blanc le long de la voie ferrée, j'ai vite vu, de par les flaques rapprochées, que la chaîne du quad ne serait pas asséchée par la poussière…

A l'entrée du premier chemin, le propriétaire privé a déposé un tas de briques concassées pour aplatir le relief un peu tourmenté par le passage répété des débardeurs. Quitte à faire propre, il a aussi cloué sur une charmille qui n'avait rien demandé un nouveau panneau, tout rouge flanqué de deux mots simples à déchiffrer : Propriété Privée. Doit-on comprendre qu'il ne veut plus de visiteurs sur ses terres ? On lui a sûrement soufflé à l'oreille qu'un motard venait tourner par ici. A moins que ce ne soit en raison de la chasse ? Bah, c'est pas bien grave, j'continuerai quand même à y poser mes tétines quand les Winchester ne sont pas sorties des étuis.

Dès le premier décamètre, le cerveau analyse vite que cet itinéraire est inscrit au prochain Camel Trophy ! La terre ocre brille, toute lisse, comme préparée pour la poterie. Deux ornières très légères trahissent les allers et retours des engins forestiers l'été passé quand le sol était encore dur. J'entame ma progression, le sourire aux lèvres : c'est pour ça que j'ai payé, c'est ça que je recherche.

Au bout de 50 mètres, le profil du chemin est un imperceptible dévers. Déjà les roues arrière me le font ressentir en se plaçant en travers à chaque accélération. Le contrôle du quad est un régal à cette petite vitesse. Les pneus avant, dotés d'un grip parfait, me rassurent quant à la stabilité de ma trajectoire. J'avance cool quand même car je sais qu'au détour du prochain virage, deux petits creux ont du se remplir d'eau. Effectivement, me voici déjà arrêté. Que faire ? Rebrousser chemin dès le début de l'Aventure ou bien tenter le passage fin style Cadoret dans la spéciale de Reulle-Vergy en 1981 ? Pas facile à décider quand la nuit vous scrute avec un ricanement glacial et qu'on est seul devant son Destin ! C'est ton Destin, prends-toi t'en main.
C'est vrai que j'ai le portable dans la poche mais carilloner pour qu'on dépêche sur place un Massey-Ferguson avec son treuil à la nuit tombée ne me réjouit guère. Allez, tant pis, j'opte quand même pour le franchissement.

Non, en fait, ça s'est pas tout à fait déroulé comme ça. Cet épisode-là, c'est pour plus tard.

Avant, il y a effectivement eu les deux mini-bourbiers simultanés, mais ils n'étaient vraiment pas méchants, juste des « mises en bouche » de 2 à 3 mètres de long, avec une profondeur de 15 à 20 cm. Je les ai terrassés tranquille, en seconde, et ce fut plaisant d'entendre le mouvement de la boue très liquide autour des roues. Le quad s'en est bien sorti. Pas de patinage, rien qui n'évoque l'engloutissement. C'était donc rassurant pour la suite.

La suite, ce fut une succession de virages, souvent en dévers léger, qui m'ont donné l'occasion de savourer le pilotage d'un quad. La glisse provoque vraiment un sentiment exaltant. On la provoque au moment voulu, on la gère et on attend la prochaine pour en profiter à nouveau. Le même chemin pris en WRF m'aurait fait peur, car je serais probablement passé plus vite mais avec des moments "chauds" où l'adhérence trop limite casse une bonne partie du plaisir, surtout quand c'est la roue avant qui ne reste plus sur la trajectoire souhaitée. Dans ces moments-là, tu coupes les gaz, tu attends que l'engin se replace dans l'axe et tu reprends ta progression avec un poil de trouille et le caleçon mouillé, si entre temps tu ne t'es pas vautré dans les ronces. Alors qu'en quad, quand le sol est humide, tu éludes totalement cet aspect, pour te concentrer sur la quantité de watts à balancer pour obtenir encore plus de travers. Par temps sec ça sera à priori plus délicat à reproduire, mais pour l'instant, autant en profiter… Tu te surprends à penser que le rodage t'empêche de demander tout ce que tu voudrais au moulin.

A ce propos, le moulin ne me déçoit vraiment pas. Le couple imposant pour un 300 mono me convient déjà bien alors que le moteur n'est pas rodé, j'espère que ce sera encore meilleur bientôt. Dommage qu'il reste un point délicat : celui du confort sur l'avant de la machine. Eh oui, il faut de bon bras pour encaisser les mouvements du terrain qui sont transmis au guidon. Celui-ci se balance de haut en bas sur un côté dès que le relief est chaotique . En moto, ce truc-là n'existe pas puisque la moto s'adapte plus vite au relief lorsque tu la penches en raison de son poids léger. Et puis les amortos de la Yam étaient au top alors que là c'est du made in Taïwan…

J'ai continué ma spéciale en me rapprochant d'autres bourbiers plus balèzes, où il fallut prendre la décision de passer ou bien de reculer, car il s'agissait maintenant de plaques boueuses de 4 à 5 mètres de longueur, mais surtout étalées sur toute la largeur du chemin. Et comme j'étais resté planté lors de ma première sortie dans un petit trou de rien du tout au bas d'une descente, je n'étais pas fier hier soir.

J'ai opté pour un passage de ces obstacles avec deux roues sur le côté. Une autre fois, il m'a fallu y passer juste au milieu. Le quad s'enfonce quand même pas mal en raison de son poids et il faut bien avoir une réserve de puissance si l'on veut s'en sortir autrement qu'en ayant recours à un treuil. Sur un terrain comme celui d'hier, c'était pas trop compliqué car la boue était liquide. Mais je ne m'y aventurerais pas seul s'il s'agissait de boue plus compacte. Les pneus se remplissent extrêmement vite de terre dès que ça patine et là, bonjour le désensablage à quatre pattes dans la gouillasse !

Au bout de 2,5 km, soit au ¾ du parcours aller, après moult virages à l'équerre, il m'a fallu à nouveau stopper. Cette fois-ci, pas question d'aller de l'avant. Ca aurait été suicidaire. En effet, le chemin a été emprunté par des engins qui ont laissé un passage de 50 cm de large au milieu mais qui ont aussi créé, de chaque côté de ce passage, deux profondes ornières d'au moins 50 cm de profondeur. Une fois que tu mets un pneu dans l'ornière, t'es pendu ! Déjà en WRF c'était chaud car lorsqu'il m'est arrivé de basculer dans l'ornière, remplie d'un liquide verdâtre et malodorant, je devais la suivre pendant presque 50 mètres avant de pouvoir en sortir, tout en ramant avec les bottes de chaque côté pour ne pas rester scotché de la roue arrière dans une merde infâme. Une vraie galère, une épopée ! Alors imagine avec l'Adly !…

J'ai donc écouté la voie de la Sagesse et enclenché la marche arrière (c'est pratique ça la marche arrière sur un engin de 4 roues, ça évite les lumbagos à soulever le bordel de 200 kg pour le remettre dans le sens contraire). Et j'ai refait la spéciale jusqu'à mon tas de tuiles concassées du début. Ce fut grandiose car je connaissais alors pil-poil la texture du terrain. Les passages de bourbiers ne furent qu'un bonheur supplémentaire, enfin tous sauf l'avant dernier où, porté par un élan un peu excessif, je vis soudain une vague submerger l'avant du quad pour venir s'aplatir sur mes cuisses ! Pas grave. J'ai terminé l'épreuve dans les temps, …….humide, mais dans les temps…

Au retour, hop, un p'tit coup de jet pour rendre au quad sa couleur bleue d'origine et ce soir, alors qu'il sera sec, je graisse tout pour qu'il soit prêt pour une nouvelle Aventure.

Ca tombe bien, il a plu toute la journée !... Je vais p'têt ben y retourner ce soir pour voir si l'eau a encore monté dans les bourbiers !"

Et... bonne balade à tous !
Jeff