Mon premier circuit...Oh putaing !!

via200
31 juillet 2006 à 19:41

Et voilà, moi qui croyais et pratiquais qu’une seule religion qu’était l’enduro me voilà embarqué dans une salle histoire dont voici le récit…

Vous savez comment ça se passe ! On est autour d’un verre, on discute en refaisant le monde et puis tout à coup, y’en a un qui a une idée de génie et il embarque avec lui, tout les innocents qui l’entoure..

Ben pour moi, au début, je devais seulement aller donner un coup de main à mon pote Greg qui était seul pour chronométrer une manche du Championnat suisse de vitesse. Par la suite, il me dit qu’il va prendre sa moto avec lui (une NSR 250 2T) et que je pourrais aussi l’essayer.
Pas très motivé au début car j’ai peur de la vitesse, je me dis que je n’allais pas mourir idiot (si j’avais su… .

Nous voilà partis un jeudi soir pour 3 jours de roulages et un peu (j’ai dis un peu ?) de chronométrage. Arrivés sur place, je me présente, on me présente, nous nous présentons, bref, nous nous présentâmes simultanément ! OK ! je passe à autre chose pfff !!

On passe déjà une bonne soirée puisque les contrôles administratifs et techniques ont lieux dès ce jour là et jusqu’à 23h en tout cas. Donc après quelques contrôles, il était l’heure de se coucher. Mais pas pour tout le monde. On retrouve les même et on recommence pour une partie déjantées (c’est dans le contexte..)de bowling improvisé avec une pastèque. Quelques heures et bières plus tard, il est temps de se coucher pour être en forme pour se lever à 7h et continuer les contrôles.

Dès 8h, ce fût le tour des briefings obligatoires avant de passer aux choses sérieuses.
C’est mon tour de me chauffer et d’enfiler une combinaison gracieusement mise à disposition pour l’occasion. Derniers petits contrôles et conseils de Greg avant de partir pour mes premiers tours de roues derrière un pilote au palmarès respectable et méritant au vu de sa piètre monture (j’ai nommé : Lucky et sa RD 350 ! -  de rien Lucky !).

Je pousse donc la NSR pour la faire démarrer avec la 2 enclenchée. Elle démarre sans problèmes mais c’est au moment de freiner que ça se complique. Ben ouais à ce moment là seulement, je constate que le cale-pied droit est cassé. Oh putain ! J’étais déjà très calme et vient s’ajouter une épreuve de mécanique alors que tous les autres pilotes s’élancent déjà dans l’arène..

10 min. plus tard et la tension qui va avec, me voilà parti seul sur un circuit que je ne connais pas, une discipline que je ne connais et une surtout une moto que je ne connais pas (un peu mieux maintenant – je sais démonter un cale-pieds..

J’enclenche la première et je mets les gaz. La moto monte bien dans les tours de manière bien linéaire sans « coup de cul ». Je passe la 2 avant d’atteindre les 9000 tours (elle est pas encore chaude et n’avait pas roulé (ou tombé, c’est selon… depuis septembre dernier. J’arrive au bout de la ligne droite à vitesse réduite et test les freins. Pas mal m’exclamais-je sous mon casque tout neuf acheté pour l’occasion.. Je sens tout de suite un bon feeling avec les freins (je me sens en confiance). 3 virages plus tard, c’est au tour du châssis de me surprendre. Il est vraiment maniable et rigide ce qui me met encore plus en confiance (c’est pas bon signe en général). Je termine le premier tour en effectuant des accélérations et des freinages appuyés afin de monter les pneus en température.
A ce moment là, des effrontés se permettent de me dépasser (ce sera pas les derniers mais j’aime pas trop ça….
Donc, le premier tour effectué et la moto chauffée, j’ai commencé à prendre de la vitesse en montant dans les tours (entre 10000 et 12500 c’est une plage qui convient bien à la reprise). J’apprivoise les pneus et leur tenue de route et à la fin du 2ème tour, il est temps de voir apparaître le drapeau à damier qui termine la séance de roulage. Au moins j’aurai chauffé les pneus pour Greg ?!!

C’est comme un enfant avec son nouveau joujou que je quitte la piste et fais pars de mes impressions à ceux qui me la demande dans le paddock (franchement, je ne sais plus qui. J’étais sur un nuage !!).

Pour les séances qui suivirent, j’ai eu la possibilité de tourner pendant tout le temps mis à disposition sauf une ou j’ai du arrêter un tour avant, faute de carburant. Quoi ?! Ca arrive même au meilleurs !!!

J’avais oublié de vous préciser une chose anodine mais qui mérite d’être citée. Ma moto était équipée d’un transpondeur. Ce qui me permettait de connaître mes temps a chaque tour..

Je sais pas si c’était une bonne idée ..!

A chaque séance, je prenais plus de plaisir et de vitesse. Ben oui, fallait bien que je fasse la nique à ce transpondeur. Fallait que je le fasse mentir d’une séance à l’autre…
Non, c’est pas vrai. Ce n’était pas mon but. Je voulais vraiment connaître les limites de la moto sans me soucier des temps mais je ne pouvais quand même pas m’empêcher de les regarder, mes temps !
Et pis quel bonheur d’enchaîner les tours avec à la clé, des dépassements à l’intérieur, à l’extérieur, aux freinages.

Une bien belle journée se termina avec l’ambiance qui allait de paire. Barbecue à midi, barbecue le soir avec tout le team de l’organisation.

Le lendemain, rebelote. Contrôles techniques, administratifs, chronométrages, photos. Enfin tout ça entre les sessions de roulage que je pouvais faire quand Greg n’avait pas obligatoirement besoin de moi.
Bref, une journée encore pleine de sensations et d’émotions (si, si y’a des freinages qui me disaient : n’en fait pas trop !)
De quel droit cette petite voix se permettait-elle de me dire ce que j’avais à faire..(C’était la voix de la raison et je ne suis pas raisonnable, je suis motard !)

Dimanche. Ah le dimanche !, jour du Seigneur. Il nous protège. Il ne peut rien nous arriver. En 2 mots, c’est LE jour ou il faut attaquer…
..Me voilà donc parti pour la première séance de la journée. Bon en même temps, c’est la première de la journée et elle se passe tôt, donc la piste est encore tiède et le grip ne s’est pas encore levé, donc molo sur la poignée Ed !

Arrive la séance de 11h (pas celle de l’église, hein !). La meilleur ! Il commence à faire chaud mais pas trop (on peut donc se faire quelques poussées d’adrénaline et de chaleur..), mais c’est avant midi et on a les crocs. Donc plus vite on termine cette satanée session, plus vite on est à table. (C’est c’qu’on m’a dit !).
Pour résumer, c’est LA séance à chrono. En plus, Lucky s’était engagé à rouler derrière moi et ensuite me montrer les bonnes tarjos. J’étais donc bien entouré et avec des conditions de piste particulièrement bonnes. Je m’suis dis : Les essais, c’est fait pour essayer, non ?
Me voilà partis dans des tours soutenus mais néanmoins raisonnables. Cela faisait 2 tours que je me disais dans un triple gauche :
« ‘tain qu’il est beau ce virage ! J’y suis vraiment à l’aise ! Si tu dois les pourrir Ed, c’est ici, dans cette courbe ! »
Eh ben le tour d’après, j’ai tenu promesse ! Vous auriez du voir comme je leur ai pourri leur graviers bien ratissé comme un fils à papa !

J’arrive en 4 sur le haut du circuit avec un bon freinage en ligne en passant la 3 pour ré accélérer dans le premier virolo à fond de 3 et ainsi être bien en appui. (Y parait qu’au briefing, un muet (j’l’ai pas entendu !)a dit que c’est dans ce virage et pas ailleurs qu’il pourrait y avoir des « Raquettes ») Même si je l’avais entendue cette info, ça n’aurait pas été pour moi, j’fais pô d’tennis !
Revenons à nos moutons. Bien en appui disais-je ! Mais pour une raison inconnue (à mon avis, la moto était mal réglée, c’est pas possible autrement..), l’arrière a voulu dépasser l’avant sans même, me prévenir.
A ce moment là, je me suis déhanché afin d’accentuer la glisse et ainsi mettre la moto dans l’axe et pouvoir accélérer plus tôt. J’avais oublié de vous dire que toutes ces actions se faisaient alors que je passais à l’exter un attardé. Comme je suis sympa et que j’apprécie tout les motards, je lui ai fais un petit signe de la main pendant que la moto se remettait gentiment en ligne…
… et surtout que j’arrivais rapidement au prochain droite. A peine remis la main sur le guidon que j’ai du entamer un freinage en glisse sur une cinquantaine de mètres. C’était une nécessité afin de remercier les commissaires qui, tout au long de la journée, ont supportés nos excès de talents.
A cet instant, je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé (j’ai du faire un clin d’½il à une commissaire) et en ouvrant l’½il ou les yeux, c’est selon, ben je me suis aperçu qu’un nombre impressionnant de personnes me tournaient autour. C’est dingue ce que les supporters et fans sont irrespectueux envers nous. A peine descendu de moto que je suis déjà envahi par des sollicitations de toutes sortes. La plus étonnantes, c’est cette supportrices qui, sans me demander, s’est permis de me retirer ma combi et mes bottes afin d’avoir un souvenir intarissable des mes remerciements à son égard. Vous vous souvenez ? La glisse au freinage ! Moi, pas !

En tout cas, ce jour là, le champion du monde, c’était moi et ça, personne ne me l’enlèvera de la tête car j’ai pris un plaisir que je n’aurais jamais connu sans cette prise de risque..

Je remercie tout le staff d’organisation qui m’a permis d’accéder à cette discipline, les commissaires de pistes qui se sont fadés trois journées a regarder passer des gamins et leurs joujoux à tourner en rond.

Et pour finir, les infirmières et le médecin qui ont été des plus sympas et rassurant.

Viatoutdroit