Essai Harley-Davidson LiveWire

Par Jean-Michel Lainé le .

Harley-Davidson LiveWire, un premier modèle de moto électrique. Cette moto ultra connectée est une vraie révolution dans la gamme à plus d'un titre. Il y a la motorisation électrique mais cet essai confirme aussi que c'est un roadster sportif incroyable.

Essai Harley-Davidson Livewire

Avant le Revelation, les premiers Revolution

Passer du moteur V-Twin Milwaukee Eight culbuté refroidi par air au moteur électrique de la LiveWire est peut-être un pari risqué pour Harley-Davidson mais c'est en tous cas un grand écart qui mérite un essai. Avant ce moteur nommé Revelation, il y a eu les moteurs Revolution au début des années 2000, vous savez ceux à refroidissement liquide qui ont été développés en collaboration avec Porsche et qui équipaient les V-Rod et autres Night Rod Special avant de disparaître. Et puis il y aura le moteur Revolution Max qui va animer les futures Bronx et Pan America  liquides  eux aussi. En attendant, voici le moteur électrique.

Batterie et moteur de la LiveWire côté droit

Le moteur n'est pas la seule révolution sur cette Harley-Davidson LiveWire qui est en effet du jamais vu au catalogue HD. Cette moto est un roadster sportif à la pointe de la technologie, ultra connecté, avec une partie cycle de haute volée et des performances à l'avenant. En dehors de la connectivité et du multimédia qu'on trouve sur certaines motos de la gamme Touring, on est à des années lumières de ce que propose Harley autour des gros twins refroidis par air. Cette moto électrique n'est même pas un custom. C'est dire !

La LiveWire est avant tout un roadster

Harley-Davidson aurait pu entrer dans l'électrique avec un custom, mais la marque américaine a préféré tout changer et prendre tous les pronostics à contre-pied. La selle est haute avec 780 mm, c'est presque 7 cm de plus qu'un Sportster Forty Eight par exemple. La moto est courte et étroite, on est assis avec les pieds sous les fesses, les bras un peu écartés mais pas trop et le buste un peu penché en avant pour avoir de bons appuis. On est sur un vrai roadster. Le point commun avec les customs est un bloc moteur (batterie et moteur sur la LiveWire) en clé de voute du design.

Phare à LED dans le petit tête de fourche

Qui dit nouvelle géométrie dit nouveaux codes aussi, et le design n'y échappe pas. La selle biplace est étroite et toute en longueur, le garde-boue arrière lèche la roue, son support intègre le feu en arc de cercle alors que la plaque d'immatriculation est encadrée par les clignotants. Sur l'avant, la jolie petite tête de fourche encadre un phare à LED Daymaker bien connu pour sa part, et protège le tableau de bord TFT tactile de 4.3 pouces très réussi. Il s'oriente de haut en bas pour tomber sous vos yeux et affiche tout un tas de choses liées à la conduite (vitesse, autonomie, charge batterie, etc.) ou pratique comme le téléphone, la musique ou la navigation avec la connectivité smartphone (iOS et Android). On retrouve aussi les commodos qu'on connait chez HD avec toutes les options sur cette moto très bien équipée. Sur le haut du faux réservoir, une trappe dissimule la prise de recharge.

Bouchon d'accès à la prise de recharge de la Livewire

Et un roadster aussi moderne que sportif

Harley-Davidson n'y est pas allé par 4 chemins avec la LiveWire en lui offrant une superbe partie-cycle et une électronique très complète. Ici le cadre et le bras oscillant ne sont pas de tubes d'acier. Tout ceci est en aluminium et parfaitement calculé pour une belle finesse. La transmission finale reste une courroie, solution chère à HD. C'est la marque Showa qui se charge de la fourche SFF-BP et de l'amortisseur BFRC. Ces éléments se règlent avec précision en précharge, détente et compression.

Amortisseur Showa BFRC entièrement réglable

Et puis tout ceci ne serait rien en 2020 sans une électronique de pointe. Telle un roadster affûté, notre LiveWire est équipé de l'ABS en courbe, du contrôle de traction en courbe aussi et de l'anti wheeling pour contenir le couple instantané de la machine. Il y a aussi un limiteur de couple à la décélération, lorsque la batterie se recharge. Il évite que la roue arrière ne se bloque. Un peu comme le ferait un anti-dribble sur une descente de rapport trop brutale. Enfin, notre HD offre moult modes de conduite, 7 au total avec Route, Pluie, Sport et Eco ainsi que 3 à customiser soi-même. On change tout ça avec l'écran tactile ou le bouton au guidon droit.

Le commodo gauche de la Livewire avec notamment le changement de modes

Premiers tours de roues sur la LiveWire

Comme sur une moto classique, à moteur à combustion interne, on met le contact en premier. Les barres verticales de chaque côté du tableau de bord sont oranges. Il faut ensuite appuyer sur le démarreur, les barres passent au vert, on peut partir. Le staff Harley n'a de cesse de répéter  attention, ça part d'un coup  alors on y va doucement en mode Route pour s'élancer. Le fait est que si la poignée se dose finement, ce qui est loin d'être le cas de tous les véhicules électriques, ça part d'un coup si on ne se méfie pas. Sur un moteur classique comme le VTwin 107 ci par exemple, le couple de 145 Nm arrive à 3000 tr/min, là on a 117 Nm dès 1 tr/min. Cela peut être violent quel que soit le mode enclenché.

Lorsqu'on met le contact, barres oranges sur le côté, il faut appuyer sur le bouton Start pour démarrer

Comme sur une moto, on freine avec la main droite et le pied droit, mais comme sur un scooter, il n'y a ni embrayage ni sélecteur. A l'arrêt en ne touchant à rien, on sent et entend de petit à-coups pour nous indiquer que la moto est prête à bondir. C'est pour les rêveurs qui oublient que la moto est en route faute de bruit. Brigitte Bardot chantait  J'irai peut-être au paradis mais dans un train d'enfer  et bien c'est tout à fait ça. La LiveWire passe de 0 à 100 km/h en 3 secondes, et de 100 à 120 en 2 secondes, d'un clignement d'oeil, juste en tournant la poignée. C'est vrai, ça surprend d'autant que c'est en silence. On est collé au fond de la petite selle ergonomique très réussie, le sifflement du moteur électrique est rapidement couvert par les bruits aérodynamiques.

Cette Harley-Davidson Livewire est un roadster sportif

Essai Harley-Davidson LiveWire gaz en grand

L'accueil au guidon est celui d'un roadster tel qu'on les connait avec une position qui incite à un pilotage incisif. La moto affiche 249 kilos sans les pleins (ah ah), 249 kilos quoi. Elle semble lourde à l'arrêt d'autant que le petit guidon n'aide pas à la redresser de sa béquille latérale. La LiveWire se révèle pourtant maniable à faible allure d'autant que la poignée des gaz offre une belle finesse. On fait demi tour avec le guidon en butée aisément, ni embrayage ni calage à gérer ici. Hop, on quitte la ville pour la montagne.

Selle ergonomique à 780 mm pour le pilote

En dehors de la ville, on change de dimension. Ce moteur Revelation est bluffant, c'est clair. Le mode Sport est à éviter pour les premiers tours de roues même avec toutes les aides électroniques efficaces mais plus ou moins discrètes. La conduite demande un petit temps d'adaptation. C'est tout nouveau, mais la plus grande surprise, la chose qu'on ne connait sur aucune Harley-Davidson est tout autre. Cette route de montagne défoncée par endroit et souvent très bosselée révèle autre chose.

La Livewire est haute, courte et étroite, pas comme un Harley qu'on connait

Oui, le plus étonnant au guidon pour ce rapide essai de notre Harley-Davidson LiveWire, c'est la qualité de sa partie cycle. Une vraie merveille. Elle se règle et s'ajuste avec minutie pour tout absorber efficacement, tant pour la fourche que pour l'amortisseur. L'amortissement global et le guidage sont parfaits. La route était pourtant exigeante surtout à cette allure soutenue pour ce test. Tout ceci est complété par un très bon freinage mordant et facile à doser. Jamais la marque américaine nous avait proposé une telle partie cycle, quelle réussite !

Fourche Showa SFF BP entièrement réglable

Et la durée des piles dans tout ça ?

Les bornes de recharges étant plus rares que les stations services, et l'autonomie souvent plus faible qu'un  thermique même si un Forty Eight ne fait pas autant de kilomètres avec un plein, la question de l'autonomie se pose. La montée en montagne s'est faite à bon rythme sur 15 kilomètres en mode Route. La moto engage en entrée d'épingle à cheveux, il faut prendre le coup, mais le moteur sait nous catapulter en sortie sans crier gare. Aucun bruit ici en dehors du sifflement du moteur électrique. Vous économiserez sur les pots adaptables et le Stage 1. Au sommet, le tableau de bord nous affiche une autonomie de 79 kilomètres. Contrariant. Demi tour et redescende sur 10 kilomètres, on retrouve une charge au 3/4 et 159 kilomètres. Etonnant. Harley annonce un peu plus de 150 kilomètres en condition réelle, cela semble vrai en profitant de la régénération à la décélération largement utilisée en descendant.

Autonomie restante après 15 km de montagne en montée puis 10 en descente

Bien sûr, le mode choisi change la donne. Le mode Sport par exemple utilise beaucoup la régénération mais consomme beaucoup d'énergie aussi. Le mode Eco fluidifie tout quant au mode Pluie, il n'est pas mal en ville pour avoir un peu de douceur sans être atone pour autant. Et puis vous pouvez aussi tout régler comme vous le souhaitez. Le contrôle de couple évite de bloquer la roue lors d'une brusque décélération, chose qu'on fait souvent au final en limitant l'usage du frein. On gagne ainsi en souplesse et en autonomie. Force est de constater que la mayonnaise prend, c'est très joueur et facile à emmener quel que soit le rythme avec une partie cycle précise qui nous régale. Il est certain que la conduite d'une moto électrique est différente de celle d'une thermique, le comportement d'un moteur électrique est spécifique. Une chose est certaine, on passe la barre des 100 kilomètres même en roulant à tombeau ouvert, 150 km semble atteignable sans crainte.

En recharge en DC à une borne présente dans les concessions HD  LiveWire , il faut 40 minutes pour recharger à 80% et une heure pour atteindre 100%. Sur une prise standard, on gagne 15 kilomètres par heure... patience.

La recharge peut se faire en DC Fast Charging en 1 heure chez votre concessionnaire HD

Bilan essai Harley-Davidson LiveWire

Pour prendre le guidon de cette LiveWire, il faut oublier tout ce qu'on connait sur Harley-Davidson. Elle n'a rien de commun avec ce que fait ou a fait HD. C'est un roadster sportif, qui peut prendre 45 degrés d'angle, avec une excellente partie cycle et un moteur tonitruant. Même le freinage est très réussi. Harley nous propose un roadster très sportif surprenant à plus d'un titre. Ces 30 petits kilomètres parcourus à son guidon sont incroyables. Que vous adoriez ou détestiez Harley, cette moto n'a rien à voir avec ce que vous connaissiez chez eux ou ailleurs. Même si un moteur électrique reste un moteur électrique donc linéaire, HD ou pas, il faut reconnaitre que Harley se démarque nettement une nouvelle fois avec la prestation offerte par la LiveWire.

Bien entendu, il y a toujours le souci de l'autonomie, ou plus exactement de la recharge puisque certaines thermiques n'ont pas davantage d'autonomie. Cela peut aller assez vite en passant par une borne rapide, mais 60 minutes tout de même. Cela reste à l'usage le point noir des  électriques , motos comme autos. Cette nouvelle Harley apporte dans ses bagages un côté geek très sympa avec de très nombreuses et modernes aides à la conduite inédites dans la gamme, ainsi qu'une connectivité avec votre smartphone d'un haut niveau.

Difficile de savoir si vous aurez une révélation comme le moteur éponyme en chevauchant cette LiveWire, mais je doute que cette machine vous laisse indifférent. Il n'y a pas de demie mesure à son guidon, le courant passe ou pas, aussi court soit l'essai. Quoi qu'il en soit, cette première moto électrique signée Harley-Davidson ouvre un nouveau pan de l'histoire de la marque américaine, acheteur ou non, elle est à découvrir.

On aime bien

  • La poussée du moteur électrique
  • L'excellente qualité de la partie cycle
  • La connectivité très complète

On aime moins

  • L’autonomie pour une moto aussi joueuse
  • La prise en mains du moteur tonitruant
  • Quelques détails de finition à ce tarif

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐
Voyage
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐⭐
Duo⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute

Autres photos

Autonomie restante après 15 km de montagne en montée
Batterie et moteur de la LiveWire côté gauche
Etrier de frein à l'intérieur du bras oscillant, support de plaque avec clignotants intégrés
Etrier radial Brembo 4 pistons et fourche inversée Showa
Le commodo gauche de la Livewire avec notamment les commandes vocales
Le moteur est démarré, barres vertes sur le côté, on peut partir
On peut changer de mode de conduite via l'écran ou les boutons au guidon
Pédale de frein et reepose-pied classique sur ce roadster
Prise de recharge sur le faux réservoir, cache avec charnière sur la partie basse pour les chargeurs rapides
Transmission finale par courroie comme sur une HD qu'on connait

Fiche technique Harley-Davidson LiveWire

MarqueHarley-Davidson
ModèleLiveWire
Année2020
Tarif de33900 €
Tarif à34100 €
Conseillé au22/02/2020

Moteur

Electricité

Performances

Puissance78 kW
Puissance105 ch
Couple116 Nm

Transmission

Secondairecourroie

Châssis

Jantesbâtons

Suspension avant

Typefourche inversée
MarqueShowa
Réglagesprécharge, détente, compression

Suspension arrière

Typemono amortisseur
Réglagesprécharge, détente, compression

Frein avant

Type2 disques
Etrierradial
MarqueBrembo
Pistons4

Frein arrière

Type1 disque
Piston(s)2

Pneu avant

Largeur120 mm
Hauteur70 mm
Diamètre17 pouces

Pneu arrière

Largeur180 mm
Hauteur55 mm
Diamètre17 pouces

Dimensions

Longueur2135 mm
Empattement1490 mm
Angle de chasse24,5 °
Chasse108 mm
Garde au sol130 mm
Hauteur de selle780 mm

Poids

Avec ABS249 kg
Conditionsordre de marche

Capacité

Batterie 100%60 min
Batterie 80%40 min

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires et le dernier tarif sur le site officiel.

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