Essai Mondial Piega

Essai Mondial Piega

Par Jean-Michel Lainé le .

Découverte et essai de la Mondial Piega sur le circuit d'Abbeville. A voir également quelques photos de la Mondial Starfighter.

Nous étions invités le 6 novembre dernier à une journée de présentation de la Mondial Piega par la société SFCS qui importe la célèbre marque italienne. Nous vous avions déjà présenté SFCS lors d'une journée d'essai des motos AJP d'enduro et supermotard.

Mondial propose à son catalogue une évolution de l'actuelle Piega appelée Piega EVO qui pousse à l'extrême la recherche des performances de l'hypersportive Piega ainsi qu'un roadster nommé Nuda et un café racer très moderne, le Starfighter. Toutes ces motos partagent la même motorisation.

Nous voilà donc sur le circuit d'Abbeville où le staff italien de Mondial nous préparent les quatre motos. Quatre motos, un circuit... et un soleil radieux qui ne nous quittera pas de la journée ! Décidément, les essais motos chez SFCS se passent sous une bonne étoile !

Impressions visuelles

La moto apparaît dans une livrée bleu et argent, qui lui va très bien et donne une touche très classe à l'engin. Le design est bien typé et ne fait pas dans le compromis. Cette moto se reconnaît au premier coup d'oeil, on n'est pas une énième copie d'une moto déjà existante, ce qui devient un plus ces derniers temps. On aime (ou pas) les lignes anguleuses, le double optique superposé, cela fait partie de la signature esthétique de la belle.

Lorsqu'on la regarde de près, ou bien que l'on monte dessus, on constate immédiatement qu'elle fait partie de ses nouvelles hypersportives de grosses cylindrées ayant le gabarit des dernières 600.

Cette moto n'a clairement pas été prévue pour traverser la France avec des bagages. Elle paraît courte, sans grande protection, sa véritable destination est assurément le circuit. Encore que certains se laisseraient sûrement bien tenter par une sortie à son guidon de quelques heures dans une région où les routes sont lisses et viroleuses.

Les éléments retenus pour cette moto sont tous de haute facture. Une débauche de matériaux nobles est présente. Eric Saul tient à nous préciser que pour toutes les pièces en aluminium présentes, aucune n'est forgée, toutes ont été taillées dans la masse ! La technologie est plus coûteuse mais, pour une rigidité équivalente, on obtient un gain de poids de 20 à 30% sur ces pièces.

Le carbone est lui aussi bien présent, il a entre autre été retenu pour habiller le bras oscillant d'origine en treillis tubulaire (qui d'ailleurs est visible et superbe sur la StarFighter), la boîte à air est elle aussi en carbone.Le cadre est également un treillis tubulaire, mais n'est que peu visible du fait du carénage.

Mondial n'a pas lésiné sur les éléments constituants la suspension. On trouve à l'arrière un amortisseur d'origine Ölhins entièrement réglable (précontrainte du ressort, compression, détente) à bonbonne séparée, et à l'avant une très belle fourche Païoli-Kayaba avec des tubes d'un diamètre de 46mm, également réglable en précontrainte, compression et détente. Les platines repose-pieds sont en alu taillé, et offre plusieurs positions possibles suivant les desiderata du pilote.

Le moteur retenu pour mouvoir l'engin est le bien connu bicylindre Honda qui équipe la VTR-SP1 mais avec une gestion électronique propre à Mondial. Pour l'anecdote, il y a 50 ans, Mondial avait donné des moteurs à Monsieur Honda (le fondateur). En sa mémoire et en remerciement du geste de l'époque, c'est aujourd'hui à Honda de fournir la motorisation des machines transalpines.

Une impression très agréable revient régulièrement à mes oreilles à chaque fois qu'une moto passe dans la ligne droite, ou qu'un essayeur s'arrête pour laisser sa place au suivant : la sonorité dégagée par cette Piega est superbe. Je pars demander aux responsables si cette sonorité passe les normes d'homologations très rigoureuses et castratrices bien souvent. On me répond que oui, elle est homologuée avec ces échappements. Cet échappement produit un son rauque et sourd comme on les aime sur les bicylindres de grosse cylindrée. Si en plus celui que j'entend sur les motos aujourd'hui est homologué, je dis chapeau à l'usine Mondial : c'est une source de plaisir supplémentaire que de tourner la poignée de gaz même en statique.

Essai de la Piega

Je décide enfin d'aller faire un tour de piste sur ce tracé assez court avec une seule partie un peu rapide. Le moteur Honda équipant la Piega n'est pas avare en sensations. Ca pousse fort, et il va falloir tout de même y aller mollo dans les premiers tours, vu que le tracé tournicote pas mal, il ne s'agirait pas de se faire remarquer d'entrée de jeu en faisant appel...à la camionnette.

Je fais connaissance avec le circuit et la moto. On est bien en appui sur les poignets, ce qui donne une position basculée sur l'avant, logique vu la philosophie de la moto. Les repose-pieds sont bien relevés, la garde au sol est présente. J'aime également ces motos avec une hauteur de selle conséquente (860mm), car pour des personnes d'au moins 1m80, cette distance selle repose-pieds permet de ne pas avoir exagérément les jambes repliées, et de pouvoir se mouvoir plus facilement ensuite sur la moto. Eric Saul reconnaît même que pour lui c'est agréable en pilotage, et il avoue une seule gêne, c'est lors des déplacements en statique assis sur la belle (et oui, Eric doit bien faire moins d'1m80).

Parlons du freinage maintenant. Le freinage retenu est du Brembo série Or. Sur cette Piega, le freinage est très très efficace, on a un gros mordant à l'attaque et il faut que je m'habitue à doser délicatement le début du freinage. On peut rouler très vite et freiner très fort avec un ou deux doigts, sans forcer. Le freinage conviendra donc aux pilotes les plus exigeants.

L'évolution sur la piste ne me paraît pas si facile de prime abord. J'ai du mal à tenir la Piega au freinage sur le bosselé et à entrer dans certains virages toujours sur du bosselé. La descente sur l'angle est instinctive sinon, il n'est pas besoin de la forcer de ce coté là. Après échange des motos, on discutera du comportement avec Eric. Il nous avouera que ces motos venaient de rouler à Monza et que leurs parties cycles étaient réglées assez fermes. On décida alors de re-régler 2 motos, d'ouvrir les compressions et un peu les détentes sur les fourches, et également d'ouvrir sur les amortisseurs la compression, la moto donnant des à-coups sur le bosselé. Ces réglages se montrent convaincants sur les parties du circuit où on se faisait un peu chahuter. La plupart trouvent que les motos deviennent plus faciles et "avalent" les imperfections de la piste. Le châssis ne bronche pas et est d'une rigidité des plus classiques sur ce genre de moto hypersportive.

Le moteur m'a quant à lui impressionné. Il délivre beaucoup de couple, est puissant et bien rempli. Je n'ai pas détecté de trou sur la plage d'utilisation, certes réduite de par la configuration du circuit. Je me suis forcé à passer la 4 dans le rapide, et ainsi à rouler sur le couple plutôt que haut dans les tours, pour pouvoir me rendre compte du comportement lors des rétrogradages. Je n'ai jamais eu la sensation d'un début de blocage de la roue arrière et pourtant je n'ai pas véritablement accompagné longuement la rentrée en virage avec l'embrayage. Sur ce point précis, j'ai trouvé que le moteur et son embrayage étaient faciles d'utilisation.

Bilan essai Mondial Piega

La moto est moins évidente sur le filet de gaz à basse vitesse. En effet, on a du mal sur un long virage très serré à maintenir un passage à vitesse constante, la réponse au moindre mouvement de poignet étant brutale, immédiate et faisant soit se relever la moto, l'écarter de la trajectoire ou au contraire la faisant tomber sur l'angle rapidement. Il y a là un coup à prendre et j'ai eu plus de facilité avec une certaine moto parmi les 4 où la maintenir sur le filet sans problème permet de passer plus sereinement et donc de prendre son virage serré à allure constante sans perdre de temps. Après quelques tours, je m'installe dans un rythme que je trouve satisfaisant.

Je dois cependant laisser la moto aux collègues. J'aurai aimé rouler davantage avec la Piega, c'est toujours pareil quand on prend goût à quelque chose ! Mais il faut dire que tout le monde à eu le loisir de les essayer à plusieurs reprises, sur de nombreux tours, ce qui est très satisfaisant. Une bonne journée sur circuit avec quatre Mondial et sous un beau soleil en plein mois de novembre !

Olivier

Photos essai Mondial Piega