Essai Ducati Monster 1100

Essai Ducati Monster 1100

Par Julien Van Kiem le .

Moto emblématique de la firme italienne, celle qu'on appelait Il Mostro à ses débuts offre de vraies nouveautés aux aficionados.

Toutes cylindrées comprises, La Monster est le modèle le plus vendu chez Ducati. Si on l'a vue s'inviter volontiers dans les magazines de mode, les rubriques people, et même apparaître sur grand écran, elle est surtout à l'origine des roadsters modernes. Une machine tournée vers le caractère et le plaisir de conduite. La 1100 Monster apporte son lot de changements, mais l'esprit demeure.

Monster Millenium
Avec toutes les pièces adaptables existantes et les différentes évolutions, Ducati nous a habitués la rétine à son roadster, au point de le rendre presque intemporel. Pourtant le plus récent, le S2R prend un sérieux coup de vieux avec l'arrivée de la 1100. Cette nouvelle mouture colle parfaitement à son époque. La silhouette est toujours sylphide et le gabarit très ramassé. Le garde boue avant épuré est plus tendu et minimaliste, le phare gagne davantage d'identité et les superbes jantes aux bâtons en Y proviennent de la noble S4R. Question qualité du matériel, les italiens savent toujours y faire ! Le té inférieur et le bloc compteur reprennent un peu la forme de ceux de la Brutale, et le radiateur désormais vertical est discrètement dissimulé derrière des écopes. Les détails de finition comme la qualité de fabrication ont été nettement améliorés, et aucun élément disgracieux ne vient gâcher le magnifique tableau. Deux entrées d'air font leur apparition sur le réservoir, non sans conférer une certaine originalité. La section des tubes du cadre raccourci semble s'être épaissie, reprenant la technologie de la 1098, tandis que la boucle arrière désormais en fonte d'aluminium et solidaire des platines moteur, profite du savoir-faire acquis sur la Desmosedici. Enfin, cette robe satinée de gris et rehaussée d'un cadre rouge est particulièrement flatteuse pour l'oeil du passionné comme du simple badaud.

Entre Café Racer et roadster
Une fois en selle, basse et moelleuse au demeurant, le guidon large et bas impose de s'incliner vers l'avant. On doit tendre les bras pour attraper les commandes, tandis que les jambes sont repliées vers l'arrière. Bien qu'assez sportive, la position de conduite semble toutefois moins radicale qu'auparavant et se rapproche davantage d'un traditionnel roadster. Seul regret, l'inclinaison de l'assise et la forme du réservoir ont tendance à pousser le pilote vers l'avant, ce qui n'est pas forcément agréable pour les bijoux de famille, notamment au freinage ! L'instrumentation très compacte et entièrement digitale demeure assez lisible. L'éclairage bleuté est suffisamment lumineux en conduite nocturne. L'affichage des différentes informations est actionné directement au comodo gauche, mais en roulant on ne peut intervenir que sur les trips et l'horloge. On trouve les fonctions habituelles et un chrono. A la vue du saute vent (ou plutôt du cache compteur !) qui équipait notre monture, on se dit bien que la protection ne sera pas de mise ! Pourtant la surprise est bien agréable, le petit appendice déviant efficacement l'air jusqu'à 150 km/h, tant qu'on n'a pas de vent de face. Les rétroviseurs offrent un champ de vision acceptable qui s'améliore lorsqu'on se rapproche du réservoir. Sous la selle, il n'y a toujours aucune place pour un antivol et l'habillage de réservoir en plastique ne permet pas de mettre une sacoche magnétique.

Latin lover
Coup de pouce sur le démarreur, le twin desmodromique repris de l'Hypermotard s'ébroue dans une sonorité qui régale les oreilles. En rien assourdissante, elle diffuse une tonalité sourde et grave. Mieux, les décélérations s'accompagnent de petites détonations qu'on prend plaisir à provoquer. Bonne nouvelle, il n'est pas nécessaire d'investir dans des Termignoni pour faire rugir le fauve . Au passage des premiers rapports, il faut bien les verrouiller pour ne pas accrocher les vitesses. Le sélecteur est ferme comme la commande d'embrayage, mais des progrès ont été réalisés sur ce point, donc rien de rédhibitoire. Après 10 km d'autoroute, l'arrivée en ville se solde par un dégagement important de chaleur qui transforme l'assise en véritable plaque chauffante pour fessier ! Le passage désormais haut du collecteur avant et la proximité du cylindre arrière n'y sont pas étrangers. Si le moteur gagne sensiblement en souplesse, mieux vaut ne pas descendre sous les 2000 tours sous peine de provoquer des cognements réprobateurs. Il faut exploiter le bicylindre en L au delà de 3000 tr/min (déjà 9,5 mkg à 3500 tr/min !) et profiter de son remplissage et de sa fougue jusqu'à 8000 tr/min où le rupteur intervient, un peu tôt d'ailleurs. On troquerait bien un peu de rab niveau allonge, même si finalement la démultiplication vous emmène allègrement à plus de 150 km/h sur le 4ème rapport. On se délecte cependant des accélérations musclées, entamées par le fameux coup de pied au cul propre aux Ducat'. Les conditions météo ne nous ont pas permis d'exploiter pleinement cette mécanique, ce qui explique sûrement notre faible consommation autour des 6,5 L/100km. Enfin, malgré un usage de plus en plus courant à l'anti-dribble, les ingénieurs n'ont pas fait appel à ce système.

Un monstre plus docile à dompter
Côté partie-cycle, on apprécie en premier lieu la réduction considérable du diamètre de braquage. La Monster se montre nettement plus maniable en milieu urbain et, seuls la largeur du guidon et des rétroviseurs peut éventuellement poser problème dans un trafic très dense. Les suspensions font toujours preuve d'une certaine fermeté, mais plus de raideur excessive. On constate donc avec plaisir une nette amélioration du confort de conduite. En conduite plus soutenue, l'empattement réduit et le poids plume de la bête (-8 kg face à la S2R) aident à la mise sur l'angle. On perçoit immédiatement la grande confiance que suscite le train avant, très stable et précis. La rigidité permet de virer d'un seul tenant et d'encaisser sans broncher le couple généreux du bicylindre à la réaccélération. En revanche, le freinage déçoit quelque peu. Le système avant entièrement radial se montre assez peu mordant. La puissance est peu perceptible en début de course, et impose de tirer fermement les leviers. On aurait apprécié davantage de précision même si le dispositif reste efficace. Niveau duo, le passager sera surpris malgré la taille de son strapontin. Les repose-pieds sont placés suffisamment bas et le haut du corps n'est pas trop incliné vers l'arrière. Seule la proximité des échappements impose de porter des chaussures hautes malgré les protections thermiques.

Bilan essai Ducati Monster 1100
Bilan essai Ducati Monster 1100

Bilan essai Ducati Monster 1100

La Monster s'est civilisée sans perdre son âme et c'est tant mieux ! Toujours belle à damner, mais plus en phase avec ses concurrentes, cette nouvelle Monster récompense enfin une longue attente et conserve un caractère bien trempé propre aux productions Ducati. Elle prend tout de même près de 1000€ par rapport à la S2R, ce qui paraît bien légitime vu les progrès réalisés en termes de qualité de fabrication. Vendue 11200€ à partir de janvier 2009, elle se situe dans la fourchette des roadsters européens. La version S, ornée de carbone et de suspensions Ohlïns est actuellement disponible pour 2000€ de plus. Il ne vous reste plus qu'à écrire au Père Noël !

Au compteur : compte-tours, horloge, témoin d'entretien programmé, température d'huile, trip partiel, témoin de pression d'huile, chronomètre, témoin de passage en réserve, indicateur de point mort, indicateur de surrégime, témoin de clé codée, indicateur de charge de batterie.

Sur la moto : allumage automatique des feux, coupe-contact, appel de phare à l'index, bouton de défilement des données au guidon, écartements des leviers de frein et d'embrayage réglables, étriers radiaux, durites aviation, suspensions entièrement réglables, béquille latérale, repose-pieds arrière repliable, bouchons d'essence à clé sur charnière, 2 crochets d'arrimages, clé codée, pré équipée pour système acquisition de données DDA,

Coloris : Rouge à cadre rouge et jantes argent, gris à cadre rouge et jantes argent, noir brillant à cadre noir mat et jantes argent

On aime bien

  • Couple
  • Esthétique/finition
  • Duo envisageable

On aime moins

  • Manque de mordant frein AV
  • Confort entrejambe
  • Souplesse moteur

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐
Voyage⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐⭐
Duo⭐⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐⭐

Photos essai Ducati Monster 1100

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Fiche technique Ducati Monster 1100

Tarif (novembre 2008)11 200 €
Puissance95 cv à 7500 tr/min
Couple10,5 mkg à 6000 tr/min
Frein AV2 disques Brembo 320mm, étriers 4 pistons fixation radiale
Frein ARSimple disque Brembo 245mm, étrier 2 pistons
Hauteur de selle810 mm
Poids (constructeur)169 kg à sec
Réservoir/Conso15L / 6,4L aux 100km
Diamètre de braquage5390 mm
Kilométrage au départ1000 km
Conditions météosnuages/pluie (10 °C)

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

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