Bonsoir à toutes et tous
Un certain 1er janvier 1983 ( 19 ans à l'époque)
Habitant le sud de Toulouse, comme chaque 1er janvier je passais une bonne partie de la nuit près d'un feu tricolore à appuyer sur le bouton "piéton" (j'ai honte ...) pour que les concurrents s'arrêtent juste devant nous, petit groupe de spectateurs (dans l'ensemble les concurrents respectaient bien le feu rouge).
Ci dessous le panneau récupéré à ce feu rouge indiquant la direction de Carcassonne.
Que TSO me pardonne pour les premiers concurrents égarés dès la N20 à Toulouse…
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Puis vers 1 heure du matin j'allais me coucher et dès lors j'entendais depuis le fond de mon lit, vrombir les moteurs sur la grande ligne droite de la Nationale 113 qui file vers Carcassonne et qui n'est qu'à 80 m devant la fenêtre de ma chambre.
Il me suffisait de pousser légèrement les rideaux et j'entrevoyais les minuscules faisceaux de phares qui fonçaient direction plein Sud. Comment autant de bruit pouvait être dirigé par une aussi petite lumière ? J'imaginais les poignées des gaz vissées à fond, les pilotes si peu protégés du froid s'enfonçant dans la nuit et bientôt la nationale 113, si proche de moi durant toute l'année, prenait cette nuit là le goût d'un vrai lointain.
Ni tenant plus, vers 2 heures du matin, je me relevais, me re équipais et enfourchais ma moto, bien décidé à suivre des concurrents, je voulais moi aussi rouler sur cette nationale africaine, sans savoir que le grand froid de ce "2" janvier allait tout de suite bien me calmer.
Je suis donc tombé sur Gilbert LEBRUN alias "Maya l'abeille" sur 500 XR, combinaison et casque orange et sur ce casque : 2 antennes d'abeille (en fait 2 petites boules sur du fil de fer) que la vitesse agitait dans tous les sens. (disparues rapidement après quelques étapes de désert je présume)
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Je l'ai suivi de Toulouse à Carcassonne avec ça...
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Et là pendant 80 kms ...l'ivresse ! l'heure de gloire !!! mon ego surdimensionné ! enfin la consécration de mes 6 jeunes premiers mois de permis A2, car ma moto de l'époque, avec son réservoir de 21 litres et ses quelques modestes autocollants à la gloire de la Haute Garonne, donnait l'illusion d'une moto africaine.
Concurrent usurpateur, éblouissant et trompant de mon phare 6 volts les spectateurs courageux de la nuit, j'avais droit aux mêmes encouragements, tapes sur l'épaule et bravos que ceux que moi même je donnais 2 heures plus tôt à mon feu rouge.
Coller à la roue de Gilbert Lebrun N° 53 (il a fini 19 ième) ne fut pas une mince affaire mais cela me procurait des ailes, identiques à celles de Maya filant devant moi et malgré le froid de ce 2 janvier "elle sentait vraiment bon le sable chaud" cette petite abeille aux antennes virevoltantes. Il y a des images qui demeurent très vivantes dans ma mémoire...
En revanche, second grand coup de froid, l'heure de la frustration devait vite sonner, le retour Carcassonne - Toulouse fut nettement moins glorieux... plus une attention, plus un bravo, plus un salut de la foule et pour cause je n'étais plus dans le bon sens.
30 ans après, grand méa culpa pour cette gloire usurpée aux authentiques pilotes car j'avoue humblement aujourd'hui que lorsqu'on me faisait de grands gestes d'encouragement depuis le bord de la route je répondais également d'un signe conquérant de la main.
J'avais 19 ans... jeune adolescent en quête d'identité à la recherche de mes héros et ce 1er janvier 1983, ils étaient tous là mes héros ... ces chevaliers casqués des temps modernes sur leur motos à la hauteur de selle démesurée et je fus l'un des leurs... pendant 80 kilomètres.
Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait... mon projet est né ce jour là je crois.
à bientôt
Patrick
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