Essai Triumph Speed Triple 1050

Essai Triumph Speed Triple 1050

Par Julien Van Kiem le .

En un peu plus de dix ans, la Speed Triple est devenue une véritable icône, le modèle 2008 conserve son attrait et l'agrémente

Autant le dire tout de suite, il me tardait d'essayer la Speed depuis un bail. Plus sensible au caractère qu'à la performance ultime, je frissonnais d'envie à chaque fois que j'entendais le son du 3 cylindres Triumph ou que je croisais le regard percutant de ses deux optiques. C'est aujourd'hui chose faite et le constat est sans appel : j'veux plus la rendre !

Force et finesse
Dès la mise en route, la sonorité se fait envoûtante. Notre modèle d'essai était équipé d'une paire de silencieux homologués Arrows (935€), mais même d'origine, cette mélodie veloutée et rauque est un régal dont on ne se lasse pas. D'autant plus que cette musicalité est reconnaissable entre toutes, au milieu des légions de 4 cylindres et des hordes de twin. Un détail d'autant plus significatif que le trois cylindres en ligne anglais réunit unanimement les qualités intrinsèques de ces deux motorisations. La moindre rotation d'accélérateur se traduit par une poussée immédiate sur les rapports intermédiaires. Le couple répond présent à tous les étages et derrière, l'allonge dans les tours prend le relais. Mais le trois pattes accepte aussi d'évoluer à bas régime où sa rondeur fait merveille, ne laissant pas transpirer le moindre cognement. Il ne rechigne jamais à enrouler, même à 2 000 tr/min sur le dernier rapport. À l'accélération, le bruit d'admission s'ajoute au jappement grave des notes métalliques plus aiguës. Ce concerto exalte les mélomanes et les montées en régime se font avec linéarité. A mi-régimes, le moteur très rempli s'exprime déjà agréablement et l'on dispose encore d'une plage d'utilisation similaire pour atteindre la puissance maxi. Néanmoins après 7 000 tr/min, l'aiguille ralentit son ascension, à cause du bridage qui lisse l'explosion des hauts régimes. Plein en bas, rempli au milieu, et vigoureux en haut, ce moulin est un saladier de caviar servi à la louche ! God save the Triple ! Aucun à-coup ne vient perturber le fonctionnement de l'injection et la commande des gaz est douce et précise. La boîte de vitesse et l'embrayage jouissent d'un constat identique. La bouillante anglaise étale toutes les qualités et le caractère de son moteur, tout en faisant preuve de bonnes manières.

Au-dessus de tout soupçon
Grâce à son poids relativement contenu, la Triumph s'appréhende facilement dès les premiers tours de roue, et les évolutions urbaines s'effectuent d'une simple formalité. Le rayon de braquage la pénalise cependant dans le trafic englué ou lors des demi-tours. Mais au fur et à mesure que l'on s'éloigne des encombrements, l'agilité du roadster anglais se vérifie. En forçant un peu l'allure, la maniabilité demeure sereine et les placements s'opèrent au doigt et à l'oeil. On profite pleinement d'une conduite saine et naturelle. La vivacité est de mise avec l'empattement court de 1429 mm et l'angle de chasse réduit de 23,5 degrés. Malgré ces côtes plutôt acérées, la Speed démontre une belle stabilité sur l'angle. La fourche inversée de 43 mm ordonne un guidage précis et la machine suit d'un bloc sans broncher. Le joli guidon plat Magura concourt à cette maniabilité redoutable. En usage vraiment sportif, on perçoit un comportement un peu plus flou dû aux réglages de suspension souples, mais rien d'alarmant. D'autant plus qu'avec ces réglages, la stabilité reste de marbre sur chaussée dégradée et que le confort est satisfaisant. La raideur des premiers modèles n'est donc plus à craindre ! Quoi qu'il en soit, les suspensions réglables en tous sens sauront satisfaire vos exigences. Ce millésime 2008 se caractérise aussi par de nouveaux étriers radiaux. Commandés par un maître-cylindre également radial, ils procurent un freinage puissant et dosable. Sans souffrir d'un manque de mordant, l'attaque n'est pas brutale, ce qui rassure sur chaussée glissante. Le frein arrière s'acquitte lui aussi de sa tâche et n'appel pas de critique particulière.

Un plumage à la hauteur du ramage
Côte esthétique, la marque d'Hinckley a su faire évoluer son best seller avec talent. Elle signe une des identités visuelles les plus marquées de la moto avec ces deux optiques rondes et dénudées. De sa silhouette ramassée émane force et classe sans pour autant faire d'esbroufe, à l'image d'un célèbre espion britannique ! Le cadre en treillis d'aluminium est toujours un écrin de choix pour le trois cylindres, et le monobras laisse apparaître le dessin sublime des nouvelles jantes. La forme des flancs de selle est plus saillante et l'arrière moins tronqué que sur le précédent millésime reçoit le feu de la 675 Daytona. Les déflecteurs de radiateur ont pris du galon pour devenir de véritables écopes, englobant intégralement ce dernier. La qualité de finition est flatteuse dans le choix des matériaux et des équipements. L'anodisation noire de la fourche, les étriers Brembo massif ou la réalisation des cordons de soudure valorisent la Speed. Une fois à bord, la position légèrement basculée sur l'avant ne nuit pas à la convivialité. Bien calé dans la selle creusée mais pas trop ferme, les jambes discrètement repliées vers l'arrière, on obtient une mobilité idéale pour l'attaque. Pour remédier au duo limité du modèle 2007, les repose-pieds passager ont été avancés et abaissés pour plus de confort. L'amélioration est perceptible, mais l'écartement des jambes reste prononcé. Voilà pour l'accueil en selle. Enfin, au regard du tableau de bord très compact, on ne s'attend pas à trouver autant d'informations (voir détails plus bas) ! Le compte-tours analogique à fond blanc reçoit un compteur digital plutôt lisible, contrairement aux trips affichés sur le même écran. L'éloignement de l'instrumentation et ses dimensions réduites rendent cependant les manipulations difficiles en roulant.

Bilan essai Triumph Speed Triple 1050
Bilan essai Triumph Speed Triple 1050

Bilan essai Triumph Speed Triple 1050

Grâce à son moteur bourré de caractère, sa partie cycle agile et sa gueule à tomber, la Speed Triple enchantera tout vos sens sans se montrer exigeante. Son succès ne se dément pas puisque la marque britannique en a vendu un peu plus que l'an dernier à la même période. En plus toutes ces qualités se monnaient à un prix accessible, au vu des tarifs pas si éloignés de la concurrence japonaise. Finalement en version française, sa rivale la plus menaçante ne serait-elle pas plutôt la Street Triple 675, affichant aussi de très belle prestations et vendue presque 4000€ de moins ? L'avenir nous le dira, mais cette main de fer dans un gant de velours à encore de beaux jours devant elle !

Au compteur : compteur digital, compte-tours à aiguille, shift-light programable, 2 trips partiels, heure, jauge de température moteur, témoin de passage en réserve, témoin alerte pression d'huile, témoin de surchauffe de liquide de refroidissement, témoin de défaut d'injection, consommation moyenne et instantanée, temps d'utilisation, vitesse moyenne, enregistrement de la vitesse maxi.

Sur la moto : allumage automatique des feux, coupe-contact, appel de phare à l'index, écartements des leviers de frein et d'embrayage réglables, étriers radiaux, maître-cylindre radial, durites aviation, suspensions entièrement réglables, béquille latérale, repose-pieds arrière repliables, bouchons d'essence à clé sur charnière, espace de rangement sous la selle pour un bloque disque.

On aime bien

  • Le caractère moteur
  • Le look incomparable
  • La vivacité

On aime moins

  • L’espace de rangement
  • La protection
  • Les hauts régimes en 106cv

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐⭐
Voyage⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐⭐
Duo⭐⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐⭐

Photos essai Triumph Speed Triple 1050

Fiche technique Triumph Speed Triple 1050

Tarif (août 2008)11 500 €
Puissance106cv à 9250tr/min
Couple10,7mkg à 7500tr/mn
Frein AV2 disques 320mm étriers radiaux 4 pistons
Frein AR1 disque 255mm étrier 2 pistons
Suspension AV/ARprécharge, détente et compression
Hauteur de selle815mm
Poids (constructeur)189kg à sec
Réservoir/Conso18L / 8,2L aux 100km
Kilométrage au départ7000km
Conditions météossoleil (22°C)

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

# mots clés

Triumph Essais Triumph