Essai Kawasaki ZX10R

Essai Kawasaki ZX10R

Par Cédric Tangre le .

La compacité de la nouvelle Kawasaki ZX10R 2011 est frappante tout comme ses performances annoncées et toute son électronique

Dès le premier regard, c'est la compacité de la Kawasaki ZX10R qui frappe. Ses formes acérées, appréciées par certains, moins par d'autres confirme la tendance au design manga du constructeur d'Akashi pour 2011. Son nez joliment profilé souligne cette ligne tant et si bien portée sur l'avant qu'il semble manquer un morceau à la courte selle de cette ZX 10 R. L'ensemble est tout de même très réussi et a le mérite de trancher avec les lignes actuelles. On peut tout de même regretter quelques légers défauts de finition, notamment au niveau des jonctions de carénage. Pour enfoncer le clou et mettre définitivement le pilote dans une ambiance très Racing, l'équipement de la Kawasaki n'est absolument pas négligé sur cette dernière née des sportives 1000 qui affiche une ambitieuse puissance de 200 chevaux.

Un équipement de haut niveau

Kawasaki a donc misé sur du beau matos pour séduire la clientèle : un té supérieur au design travaillé, une fourche Showa à gros pistons inspirée de la dernière ZX6R, amortisseur de direction Olhins, maître cylindre Nissin et pinces radiales Tokico, un tableau de bord très inspiré sport... et en plus de tout ça, un traction control de série afin de gérer au mieux les velléités de la bête. La bulle fixée sur le nez du carénage ne bénéficie pas d'araignée pour la soutenir. La réussite esthétique est au rendez-vous, mais on peut clairement se demander si cela suffira au maintien et à la protection à (très) haute vitesse... Voyons un peu ça en effectuant quelques ronds du circuit Qatari.

Agilité, facilité, sécurité... oui et puissance ?

Je me laisse surprendre par l'agilité et la facilité de cette moto dans les premiers tours. Une position parfaitement étudiée met le pilote immédiatement à l'aise, bien que la selle soit un peu basse pour une utilisation extrême sur piste. La moto se place là on le souhaite et toutes ses réactions paraissent douces et progressives. A peine 4 tours et j'ai l'impression d'être chez moi, de connaître ma monture. Une âme de Honda ? Eh bien le moteur très linéaire pourrait le laisser croire... Le moteur justement, parlons-en.

Kawasaki annonce depuis plusieurs mois qu'elle surpassera la BMW S 1000 RR, actuelle leader incontestée à ce niveau. Alors je me prépare à revivre cette sensation qui l'an dernier m'a tant surpris sur l'allemande, la sensation d'un moteur qui s'emballe, qui ne veut plus s'arrêter de tirer dans les bras pour être toujours plus vite au bout de la ligne droite. Eh bien je fus bien déçu, légèrement creuse en dessous de 10000tr/min, même si elle l'est un peu moins que son homologue d'outre Rhin, l'envol n'est pas aussi franc qu'on le souhaiterait. Il faut avouer que les sensations moteur s'améliorent avec l'arrivée de la fraicheur à la tombée de la nuit. Selon les concepteurs japonais, cela est dû d'une part à une démultiplication plus longue que la S1000R et d'autre part au caractère un plus linéaire de la ZX 10 R. Ils m'assurent par ailleurs que la dernière née sort entre 12 et 14cv de plus que l'ancienne. Il faudra donc attendre le fatidique passage au banc pour le vérifier réellement.

Un châssis d'une efficacité redoutable

Même si la sensation de confiance est apparue de suite, le cerveau peine tout de même à tourner la poignée autant que le grip l'autorise. C'est ainsi que plusieurs séances sont tout de même nécessaires pour parvenir à cerner les limites de cette ZX10R. En effet, il est difficile de mettre en défaut la partie cycle sur ce circuit peu bosselé et dont le bitume offre un grip remarquable.

Et pourtant j'ai déconnecté le traction control, afin d'analyser toutes les réactions de cette moto avant d'enclencher les différents modes (voir notre description technique de la ZX 10 R) et ainsi juger de l'efficacité du système. Et honnêtement, même sans assistance je dois tourner la poignée violemment dans l'espoir de déstabiliser l'équilibre de cette Kawa. Toutes ses réactions sont d'une douceur étonnante. Elle absorbe les quelques bosses sans se désunir puis dès celle-ci passée le mouvement est parfaitement contrôlé et il est possible de se concentrer sur le reste de la courbe. Bluffant !

L'impression de confiance est renforcée par la facilité à inscrire la sportive en courbe. Très vive, elle va là où l'on place son regard... Tant que l'on est toujours en phase de freinage sur l'angle ! Je m'explique : en fin de freinage, la moto est très précise, mais quand j'arrive près du point de corde et que je lâche la poignée de frein pour mettre le filet de gaz, la moto s'écarte doucement de la trajectoire. Cet inconvénient a été de suite corrigé en appliquant quelques réglages (détente plus fermée à l'avant et compression à l'arrière).

Grâce à ces modifications, la moto, en plus d'être facile et maniable est devenue précise tout au long des courbes et possède une motricité hors-norme. Equipée de Bridgestone BT003 qui sont des bons pneus de route, elle colle le pavé même en augmentant le rythme. Je dois attendre que ces pneumatiques soient en fin de vie et insister sur l'accélération pour enfin faire décrocher la bête (je roulais à ce moment sans assistance). Le seul reproche que je peux faire sur la partie cycle se situe au niveau des freins. Le freinage est très puissant et rend au pilote un feeling impeccable en faveur de la progressivité de la poignée, se ramollit en fin de séance (après un quart d'heure à un rythme rapide) sans toutefois faiblir de manière significative en terme de puissance.

Et l'anti-patinage dans tout ça ?

Après avoir enfin pu apercevoir les limites en le déconnectant (d'une pression sur le bouton dédié), je me suis mis à tester les 3 modes de traction control disponibles à savoir 1, 2 et 3. Kawasaki est très fier de son système dont ils disent qu'il est bien au-dessus de la concurrence. Et je dois avouer que celui-ci est géré de belle manière. C'est simple, en mode 1, on ne le sent absolument pas travailler. Il corrige la remise des gaz dans l'ombre, autorisant de très légères dérives et n'empêchant pas les wheeling, il les réfrène simplement. C'est grâce à sa progressivité, qu'on ne ressent rien et pourtant dans les cassures, il n'est plus utile de couper les gaz, sur l'angle on peut en remettre sans crainte. Cette efficacité est certainement due à un relevé des paramètres et au calcul des actions correctives effectuées toutes les 5 millisecondes, ainsi qu'à un système d'anticipation de l'action du pilote sur la poignée. Le seul signe c'est qu'au lieu de partir en dérive et de mettre en danger le pilote, la Kawasaki s'élargit légèrement. Le chrono lui ne bouge pas, ni mieux, ni-moins bien...

En passant en mode 2, je ne perds toujours pas de temps au chronomètre. Le travail du système commence à se faire sentir, notamment dans les cassures rapides où la moto ralentit toute seule quand je jette la moto sur l'angle tout en conservant les gaz à fond... Le mode 3 est beaucoup plus sensible. Sans jamais gêner le pilotage, il oblige à bien relever la moto en sortie de courbe afin de libérer les chevaux. Mon chrono ne baisse seulement de quelques dixièmes, ce qui prouve que l'efficacité n'est pas sacrifiée mais il se montre très rassurant et cela sera d'une grande utilité pour les débutants sur circuit.

Bilan essai Kawasaki ZX10R
Bilan essai Kawasaki ZX10R

Bilan essai Kawasaki ZX10R

En conclusion, la première chose qui ressort de ce test de la nouvelle Kawasaki ZX10R 2011, c'est la facilité avec laquelle on s'empare de cette moto. Toutes ses réactions sont saines et paraissent parfaitement maitrisées. Le rendu en terme de feeling et l'efficacité du châssis est impressionnant pour une moto à peine sortie de l'usine. Une pointe de déception en revanche pour la puissance et les sensations diffusées par le moteur auquel on peut louer tout de même la souplesse des reprises à bas régime. Cette ZX 10 R est incontestablement une bonne surprise et un compagnon de route à la fois efficace et très rassurante grâce à son comportement et l'assistance très bien réalisée. Nul doute que la Kawasaki saura séduire les sportifs avertis, tout comme les clients qui souhaitent débarquer dans le monde des hypersport.

On aime bien

  • Gestion électronique
  • Facilité de prise en main
  • Confiance donné par le châssis

On aime moins

  • Performances moteur en deçà des attentes
  • Prix qui devrait avoisiner les 16000€

Notre avis

Quotidien⭐⭐
Voyage
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐⭐⭐
Duo⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐

Photos essai Kawasaki ZX10R

Fiche technique Kawasaki ZX10R

Tarif (novembre 2010)environ 16000€
Garantie2 ans
Moteur4 cylindres en ligne, 4-temps, refroidissement liquide
Alésage x course76.0 x 55.0 mm (998cm3)
Taux de compression13.0:1
Injection47 mm x 4 (Keihin) à papillon secondaire ovale, double injecteurs
Distribution2 ACT, 16 soupapes
Puissance106ch à 12500tr/min (200,1ch en full)
Couple8mkg à 5200tr/min
FourcheFourche inversée de 43 mm, réglage en compression et en détente, réglage de précharge et ressorts additionnels
AmortisseurAmortisseur horizontal (Back-link) à gaz et ressort de haute technologie. Compression : deux réglages pour les vitesses de compression rapides et lentes. Détente : précharge du ressort entièrement réglable
Frein avantDouble disque semi-flottant en pétales de 310mm, étriers à montage radial 4 pistons
Frein arrièreSimple disque en pétales de 220mm, étrier flottant simple piston
Hauteur de selle813mm
Poids (constructeur)198kg tous pleins faits (201kg avec ABS)
Réservoir/Conso17L / nc

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

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