Essai Aprilia Tuono 1000

Essai Aprilia Tuono 1000

Par Julien Van Kiem le .

Inspirées du tuning et du stunt, voici le charismatique Tuono 1000, un véritable Street Fighter de série signé Aprilia !

Street Bike pur jus
Pour concocter son roadster sportif, Aprilia a simplement ôter le carénage de sa sportive, la RSV 1000, et remplacé ses bracelets par un guidon plat. Même ainsi dévêtue, l'italienne ne laisse pas entrevoir sa mécanique. Les réservoirs d'eau et d'huile, les radiateurs et le sabot masquent en effet son V2 ouvert à 60°. Contrairement au premier modèle, la tête de fourche ne reprend plus l'optique de la sportive et se pare d'une imposante prise d'air forcé. Un design massif finalement plus nordique que méditerranéen. Les pointilleux n'aimeront peut être pas l'aspect brut ou dépouillé de la machine. Mais la Tuono garde quand même le bénéfice de son châssis musculeux, de ses jantes à bâtons dédoublés sorties tout droit d'un paddock de Superbike, et sa partie arrière unanimement prisée de la gente motarde. La position repliée des jambes surprend au départ, puis s'oublie finalement assez vite. En revanche, les arrêtes à la base du réservoir sont désagréables à l'entrejambe. La selle large épargne bien le fessier, et avec ses 810 mm de hauteur, les pieds posent complètement au sol. Le guidon tombe sous les mains sans appui exagéré, et bascule légèrement le buste sur l'avant. En imprimant un rythme rapide, on se recroqueville naturellement pour mieux faire corps avec la machine, et tenter de se soustraire de la pression du vent. La tête de fourche dévie beaucoup l'air sur le casque à partir de 130 km/h. Un coup d'oeil dans les rétros suffit pour voir qu'ils sont trop petits et pas assez écartés pour offrir un champ de vision correct. Enfin, la pratique du duo n'a pas été trop sacrifiée. Les repose-pieds sont certes un peu hauts, mais largeur et épaisseur de selle aidant, le passager est finalement épargné.

Express... allongé
Que ceux qui ont connu la première Tuono se rassurent, les cognements caverneux des bas régimes ont été gommés. Le bicylindre préfère toujours être maintenu au-dessus des 3000 tr/min, mais il s'acquitte des sous régimes avec plus de civilité. L'arrivée de la puissance commence vers 4000 tr/min et se déploie jusqu'à 8000 tr/min. Elle connaît alors un léger fléchissement avant d'atteindre les 10500 tours, régime ou le shift light s'allume . Sur les rapports intermédiaires, le moteur d'origine Rotax se montre coupleux à mi-régimes. Il tracte avec force, mais développe sa foulée de manière linéaire. Le passage à 106 cv à tempérer son côté explosif dans les hauts régimes. L'inertie peu prononcée lors des montées en régime modère également le frein moteur. L'anti-patinage oeuvre de manière efficace pour rétrograder sans arrière-pensée. En revanche, la firme de Noale a conservé les rapports de transmission de la RSV sur son roadster, qui finalement tire assez long. Un peu trop d'ailleurs, puisque sur le dernier rapport, l'Aprilia tarde à s'élancer avant 6000 tr/min. L'allonge est vraiment conséquente mais en arsouillant, on utilise peu ou pas les deux dernières vitesses. En titillant ainsi la bête, on réveille son appétit d'ogre (10,35L/100km) et bien qu'annoncé pour 4 L, le voyant de passage en réserve de notre moto d'essai s'est allumé après seulement une centaine de bornes. Les vibrations suffisamment filtrées distillent juste ce qu'il faut de good vibration pour rendre la mécanique vivante, sans être trop envahissante. La boîte de vitesse verrouille correctement et les commandes ne sont pas trop fermes. La ville révèle bien cette qualité, mais met aussi en avant la tendance du twin à cuire les jambes du conducteur si l'on s'attarde trop longtemps à très basse vitesse.

Freinage de trappeur et poigne de fer
L'imposant diamètre de braquage (6750mm) n'arrange rien aux évolutions urbaines et il faut calculer au plus juste ses trajectoires au milieu du trafic. Avec un empattement réduit à 1410 mm et 185 kg à sec, l'agilité devrait plutôt être au rendez-vous. Dans les faits, une légère raideur émane du train avant, et la Tuono réclame quand même une certaine poigne pour balancer sur l'angle. Mieux vaut donc accompagner la machine pour plus de facilité en courbe. De plus, le réservoir de la RSV impose une distance importante vers le guidon. Ce dernier, à section variable, est monté sur de superbes tés supérieurs et des pontets taillés dans la masse. La stabilité sur l'angle est bonne, moteur en charge, mais la moto se redresse quelque peu à la décélération. Un comportement certainement perfectible en durcissant un peu les suspensions réglables. Cependant, l'amortissement relativement confortable, n'absorbera plus aussi bien les irrégularités du tarmac. Sur les accélérations, la roue avant déleste facilement et justifie pleinement la présence de l'amortisseur de direction, plus particulièrement sur routes bosselées. Côté pneumatique, nos amis transalpins n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! Les Metzeler Rennsport collent littéralement au bitume grâce à leurs épaules très tendres et quasiment slick. Le freinage n'est pas en reste avec des étriers avant radiaux Brembo série or à une plaquette par piston. Le dosage au maître-cylindre est impeccable, mais attention au mordant très puissant qui peut être brutal à faible allure. En revanche, l'élément arrière s'avère peu convaincant. L'attaque est peu prononcée et le feeling à la pédale inexistant.

Bilan essai Aprilia Tuono 1000
Bilan essai Aprilia Tuono 1000

Bilan essai Aprilia Tuono 1000

Comme ses lignes le laissent présager, la Tuono est une Street Bike à l'état pur. Son maniement réclame un peu de savoir faire, sans se montrer trop exigeant cependant. Son twin coupleux souffle avec force sur les mi-régimes et l'allonge conséquente paraît interminable sur les derniers rapports. Elle souffre cependant d'un bridage mécanique qui lisse sont caractère normalement plus trempé au delà de 8000 tr/mn. Mais l'Aprilia peut compter sur son équipement valorisant, ou sur sa personnalité pas trop exclusive pour séduire. Les vieux démons de la Tuono, première du nom sont désormais un lointain souvenir. Affichée à 12099€, l'italienne s'échange à des tarifs proches de ces concurrentes européennes.

Au compteur : compteur digital, compte-tours à aiguille, shift-light, 2 trips partiels, heure, température moteur, témoin de passage en réserve, voyant de béquille, temps d'utilisation, vitesse moyenne, enregistrement de la vitesse maxi, indicateur de charge de batterie, chronomètre.

Sur la moto : allumage automatique des feux, coupe-contact, appel de phare à l'index, écartements des leviers de frein et d'embrayage réglables, étriers radiaux, durites aviation, suspensions entièrement réglables, béquille latérale, repose-pieds arrière repliable, bouchons d'essence à clé sur charnière, 4 crochets d'arrimages, espace de rangement sous la selle pour un bloque disque.

On aime bien

  • Finition / look
  • Caractère moteur
  • Equipement

On aime moins

  • Béquille trop abrupte
  • Démultiplication longue
  • Conduite en ville pour un street

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐
Voyage⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐⭐
Duo⭐⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐

Photos essai Aprilia Tuono 1000

Ecouter le son

Fiche technique Aprilia Tuono 1000

Tarif (septembre 2008)12 099 €
Puissance106ch à 9500 à tr/min
Couple10,4 mkg à 8750 à tr/min
Frein AVdouble disque 320mm, étriers radiaux 4 pistons
Frein ARsimple disque 220mm, étrier 2 pistons
Hauteur de selle810mm
Poids (constructeur)185kg à sec
Réservoir/Conso18L / 10,33L aux 100km
Diamtre de braquage6750 mm
Kilométrage au départ5000km
Conditions météosnuage (20°C)

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

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