Essai Yamaha FJR 1300 AS

Essai Yamaha FJR 1300 AS

Par Jean-Michel Lainé le .

Un embrayage piloté pour rouler sans les mains et du bout du doigt au guidon de cette GT confortable et bien équipée

Choisir au mieux sa GT n'est pas un exercice facile. Le confort, la capacité de chargement, le coté dynamique et bien sûr le plaisir, sont autant de choses qu'il ne faut pas négliger lorsqu'on avale des kilomètres toute l'année. Yamaha propose depuis maintenant quelques années sa FJR 1300 qui se bonifie au fil des ans en ajoutant ou modifiant des petites choses. Avec la version AS, un bond en avant est proposé avec un embrayage piloté !

La prise en main demande un peu de concentration avec l'absence du levier d'embrayage et l'apparition d'une gâchette à la main gauche, comme on en trouve sur les VTT. Le reste des commandes est identique aux autres machines : frein avant à la main droite, frein arrière au pied droit et sélecteur au pied gauche. Une particularité tout de même sur ce sélecteur, la première est en haut comme toutes les autres vitesses et contrairement à toutes les motos.

Avant d'envisager de parcourir ses premiers mètres, on commence par appuyer sur le bouton magique en serrant la poignée de frein (à droite donc) pour éviter de partir avec une vitesse enclenchée. La gâchette de changement de rapport peut être activée par un bouton au guidon. A la mise en route elle ne l'est pas, la seule façon de changer les rapports est donc le sélecteur au pied. Une fois en selle, la première (en haut) est enclenchée.

Le moteur ronronne, le frein est serré, vient alors le moment de s'élancer. Pas d'embrayage donc pas de patinage possible. Le frein est lâché et la poignée tournée doucement pour faire prendre des tours au moteur. Vers 1600tr/min, la FJR se met en branle : nous voilà partis ! Evoluer au ralenti (pour stationner par exemple) nécessite de rester autour de ce régime moteur qui fait tressaillir la machine et n'est pas forcément facile à appréhender. Les habitués du tout-terrain vous diront qu'en freinant avec le frein arrière en même temps, on asseoit la moto et on limite cet effet indésirable, et c'est vrai !

En route, à part le fait qu'on a tendance à attraper le levier d'embrayage par réflexe, les changements de rapports deviennent rapidement une évidence. Une manoeuvre nous secoue un peu, celle de rétrograder pour relancer la machine, pour le reste c'est tout simplement bluffant. Tomber les rapports en ralentissant en entrée de courbe se fait sans aucun à-coup à tel point qu'on finit par les descendre n'importe quand, même sur l'angle dans une grande courbe. Monter un rapport est tout aussi simple et rapide. L'à-coup qu'on peut avoir selon le régime moteur est gommé par un petit coup d'accélérateur comme sur une machine classique.

La boîte à 5 rapports est rapidement prise en main, l'heure est donc à exploiter au mieux le moteur 4 cylindres de 1300cm3. Une belle vivacité nous attend dès la rotation de la poignée. Les reprises sont franches et le couple tel, qu'il n'est pas vraiment nécessaire de se soucier du régime moteur pour relancer l'équipage. En cas de sous régime, l'indicateur de rapport engagé au tableau de bord se met à clignoter : même si on ne prête plus tellement d'attention au maniement de la boite de vitesse, il faut tout de même les changer soi-même !

La plage d'utilisation est très large et la zone rouge à 9000tr/min autorise tous les excès, pas trop tout de même si on veut préserver sa consommation de carburant qui n'excède pas 7 litres aux 100km pour une conduite raisonnable et variée. Coté son, la Yamaha affiche 90db à 3750tr/min . Au ralenti, la machine ronronne tranquillement avec une sonorité grave et feutrée. En régime de croisière, on s'entend rouler sans pour autant être dérangé.

Ce moteur et cette boîte sont accueillis dans une partie cycle très efficace qui donne à la FJR une excellente maniabilité en ville et une tenue de route irréprochable à grande vitesse. La fourche est réglable en compression et détente. A l'arrière, la précharge de l'amortisseur s'ajuste très facilement sans outil avec un levier accessible même avec les gants. Pour freiner efficacement, on dispose de l'ABS qui sait se faire discret même sur des freinages puissants. Détail toujours intéressant : le levier de frein est réglable.

On ne peut pas parler de GT sans passer en revue l'équipement. La FJR 1300 AS est plutôt bien dotée avec une large bulle électrique, les poignées chauffantes thermostatées (de série pour cette version AS), une selle réglable, une béquille centrale, deux valises qui peuvent chacune accueillir un casque intégral et une petite boîte à gant avec une prise allume-cigare qui se verrouille automatiquement quand on coupe le contact.

Le tableau de bord ultra complet affiche en plus de la vitesse et du compte-tours, l'heure, la jauge d'essence, la température du moteur et le rapport engagé en permanence. Un bouton permet d'afficher les deux partiels et le totalisateur, un autre donne accès à la température de l'air et au nombre de kilomètres parcourus par litre consommé en instantané ou en moyenne.

Les valises sont de bonne facture : elles ferment bien et facilement, on y loge un intégral et elles sont parfaitement étanches. Une grande poignée permet de les transporter sans problème à la main. Les attaches intérieures maintiennent correctement les effets personnels et comble du détail, les cordons qui retiennent les couvercles des valises sont rappelés avec un enrouleur : impossible de les coincer !

Si les valises ne suffisent pas, un porte-paquet de bonne taille est là pour transporter le complément de bagages. Il offre aussi 3 poignées au passager pour se tenir, un passager qui dispose également d'une position confortable et d'une large selle. Le pilote n'est pas en reste sur le confort : position de conduite, selle et poignées chauffantes sont là pour passer sa journée sur sa moto sans y penser.

La grande bulle monte très haut. Même en mesurant plus d'1m80, on se cache complètement derrière. Avec une telle amplitude, on trouve facilement quelle que soit sa taille, la hauteur à adopter pour un bon compromis entre les turbulences et la protection. Bien caché derrière sa bulle et son carénage, les petites averses sont rangées au rayon des souvenirs. La bulle revient en position basse lorsqu'on coupe le contact, mais il est possible de la verrouiller manuellement.

Revenons à l'intérêt premier de cette version AS par rapport à la version standard : l'absence d'embrayage. Passé le temps d'adaptation, rapide, on oublie le sélecteur au pied et passe en mode  gâchette  pour changer les rapports, comme sur son vélo. L'usage du pouce n'est pas évident et en plus sans grand intérêt. Les rapports peuvent être montés et descendus du bout de l'index avec le levier sur l'avant du guidon. C'est très simple et très rapide, il n'y a que le bout du doigt à bouger et la sensibilité est telle qu'il n'y a aucun effort à fournir.

Une fois cette gâchette menée du bout du doigt, la FJR dévoile une dimension ludique insoupçonnée. Les démarrages aux feux façon boulet de canon n'auront plus aucun secret et les passages en courbes gagnent d'un coup quelques dizaines de kilomètres/heure, le tout dans un confort sans grand reproche. Seul le démarrage canon demandera un peu plus d'attention en fait. En effet, il n'y a pas de patinage à gérer alors, quand le feu passe au vert, on ouvre en grand et on passe les rapports d'un léger mouvement de l'index quand on approche de la zone rouge : c'est aussi diabolique que pas raisonnable, mais on y prend goût.

Pour les passages en courbes, la machine autorise son pilote à descendre les rapports sur l'angle sans à-coup - encore une fois, pas de point de patinage à gérer. Du coup, on rentre de plus en plus vite et si on doit rétrograder, on le fait sans retenue pour ressortir encore plus vite. On découvre le  problème  plus tard, quand on reprend le guidon d'une machine classique avec un embrayage. C'est à ce moment qu'on mesure le bonheur et l'efficacité de cette absence d'embrayage !

Bilan essai Yamaha FJR 1300 AS

Alors embrayage ou pas ? Si votre choix est porté sur la Yamaha FJR 1300, la question se posera d'elle-même. Si l'absence d'embrayage coûte cher et qu'en performance pure cela ne change pas grand chose, le changement de rapport avec la gâchette au bout de l'index nous a complètement séduits par sa facilité d'utilisation. Les petits désagréments à très base vitesse seront bien vite oubliés au profit de grands moments de jeu sur de jolies routes avec passager et bagages.

Prix public conseillé : 16990€ (janvier 2007 - FJR 1300 ABS : 1590€)

Photos essai Yamaha FJR 1300 AS

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