Essai KTM 690SM

Essai KTM 690SM

Par Jean-Michel Lainé le .

Plus de cylindrée, plus de puissance, plus d'efficacité, plus de confort... un peu plus de tout dans ce SM au design étonnant

Il ne manque pas un morceau ? Voilà la première réflexion qui vous vient à l'esprit quand vous contemplez pour la première fois le nouveau supermotard KTM. Enfin supermotard au sens large du terme puisque les fans de la catégorie auront un peu de mal avec cette toute nouvelle machine qui a pris du volume et du poids par rapport aux standards de la catégorie. Mais en dehors du coup de crayon qui ne laissera personne indifférent, l'orange cache sous sa robe beaucoup de nouveautés qui prouvent bien que la marque souhaite rester le leader de la catégorie.

C'est donc le moteur qui est la grande nouveauté de ce millésime 2007. On dit donc au revoir à l'ancien LC4 qui aura mérité une bonne retraite après une vingtaine d'années de bons et loyaux services et on dit bonjour à un nouveau monocylindre de 653.7 cm3 et non pas 690 cm3 comme annoncé sur les flancs de la machine. Puissant et coupleux avec 63 chevaux à 7500 tr/min et 6.6 mKg à 6550 tr/min, compact et léger le moteur domine ses concurrents en matière de puissance avec 12 chevaux de mieux par rapport à l'ancien modèle !

KTM n'a pas oublié de l'armer en conséquence puisque le bon vieux carburateur fait place à une injection électronique, une nouveauté chez les oranges. L'embrayage s'affuble d'un système anti-dribble et d'un système de traction EPT pour Electronic Power Control (système de gestion de l'ouverture des gaz) qui vient chapeauter tout cela, sans oublier un balancier d'équilibrage très efficace. La boite 6 vitesses elle aussi est nouvelle puisqu'il y avait 5 rapports auparavant.

C'est donc un moteur dernier cri qui vient se loger dans une partie cycle elle aussi au diapason, puisque c'est un cadre de type treillis tubulaire en chrome-molybdène qui remplace l'ancien élément (gage de rigidité et de stabilité). On ne peut pas passer sous silence le splendide bras oscillant noir laqué aux formes extrudées, tout simplement beau !

Au chapitre suspension c'est encore une fois White Power qui s'occupe des liaisons au sol avec des éléments de qualités réglables en détente pour 210 mm de débattement. Autre (bonne) surprise au rayon freinage puisque c'est une pince Brembo à quatre pistons et fixation radiale (excusez du peu!) qui se charge via le disque de 320 mm de ralentir la bête. L'arrière lui se contente d'un étrier simple piston sur un disque 220 mm flottant très efficace. Enfin, l'ensemble repose sur de très belles jantes rayonnées noires de 17 pouces chaussées de très bons Bridgestone BT090.

Coté poste de pilotage et après avoir grimpé les 875 mm de hauteur de selle - on s'y sent bien à partir d' 1m70, nous sommes accueillis par un beau guidon sans barre et un bloc compteur complet hérité de sa grande soeur Superduke (il manque une jauge à essence en revanche). Leviers d'embrayage et de frein réglable, réservoir de 14 litres anguleux qui permet de bien caler les genoux mais qui peut gêner si vous adoptez le pilotage jambe tendu.

Esthétiquement la moto est fidèle au design actuel de la marque. Il y a beaucoup d'arêtes, des écopes de réservoir aux deux silencieux sauce Dakar en passant par la coque arrière d'un seul tenant et le désormais célèbre bec de canard ! La 690 a le mérite de faire parler d'elle. La selle (dure comme du bois) antidérapante et les poignées passager clôturent ce tour du propriétaire. On aurait aimé aussi avoir des protèges mains bien utiles.

Moteur ! C'est d'abord l'absence de vibration qui est frappante, le travail sur le balancier d'équilibrage est remarquable ! Vient après le bruit très discret émanant des deux volumineux silencieux assez peu convaincant . Une fois en route, la moto paraît facile... pas de poussée ultra violente mais plutôt un moteur qui distille sa puissance avec conviction jusqu'à 8000 tr/min et qui contribue à un sentiment de maîtrise et de grande facilité. La puissance est certes linéaire mais finalement cela rend la 690 très ludique car accessible immédiatement... Loin de ses cousines SM souvent violentes et (trop) typées, le système EPT est grandement responsable de cette facilité à la remise des gaz et de cette prise en main évidente.

Sur les petites routes de notre essai il suffisait de rester sur le bon rapport pour s'extraire avec force des virages sans la moindre once de brutalité et tout compte fait l'efficacité était au rendez-vous... Les 63 chevaux sont bien là pas d'inquiétude, au jeu des wheelings la SM n'est pas la dernière...

Coté châssis nous l'avons vu, KTM n'a pas lésiné. Il est impossible de prendre la tenue de route en défaut, stabilité et extrême vivacité sont au rendez-vous, le mono se jette dans les courbes et épingles serrées, son poids plus élevé que la moyenne n'y change rien. La garde au sol est impressionnante, la moto se laisse guider aisément et on n'a vraiment pas l'impression d'être sur un SM lourd. Très bien équilibrée la 690 se place au doigt et à l'oeil, la maniabilité est l'une des forces majeures de l'orange, la machine excelle en ville et sur petites routes.

Le freinage associe force, progressivité et endurance il manque peut-être un poil de mordant mais il reste dans la bonne moyenne et seule la fourche plonge exagérément sur les freinages violents. La boîte 6 aux rapports assez courts oblige en revanche à jongler avec la sélection pour rester dans les bons régimes sous peine de faire cogner le moteur, mais en conduite sport c'est juste ce qu'il faut d'autant que l'anti-dribble est très efficace. L'association des deux permet des freinages de trappeur !

Même sanction en ville où on hésite assez souvent entre la 1 et la 2, il faut jouer de l'embrayage pour sortir son épingle du jeu. Le dernier rapport lui est idéal pour les longs trajets puisqu'il permet à la moto d'allonger autour des 130-140km/h sans qu'on s'inquiète pour la santé du mono, d'autant plus que le bec de canard protège étonnamment bien du vent et semble éviter les louvoiements typiques de ce genre de moto à haute vitesse. Les voies rapides et les longs trajets ne sont donc plus à proscrire puisque l'autonomie peut aisément dépasser les 200 km, seule la selle très ferme vous fera apprécier une pause. La ville et les petites départementales restent malgré tout ses terrains de jeu favoris.

Bilan essai KTM 690SM

Alors que dire de cette toute nouvelle moto ? Pas vraiment trail mais plus tout à fait supermotard dont elle s'éloigne du concept pur et dur en tendant vers plus de facilité et de confort (relatif !). Légère, maniable et réactive, la KTM 690 SM conserve les grands axes de ces prestigieuses aînées mais y ajoute une prise en main plus aisée et un plaisir de conduite immédiat. La KTM est une alternative aux petits roadsters pour qui veux rouler en ville et se faire plaisir sur les petites routes sans se faire déborder par la puissance et le caractère trop sportif de certains modèles.

Le savant mélange moteur ultra efficace et accessible dans un châssis maniable et vif fait de cette nouvelle 690 SM la reine des villes et des petits coins, une excellente alternative à celui qui veut rouler différemment. La KTM 690SM est disponible en noir, orange ou anthracite pour le modèle Prestige au tarif conseillé de 8295€ et 8808€ pour la version Prestige (mai 2007).

Photos essai KTM 690SM

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