Essai Ducati S4Rs

Essai Ducati S4Rs

Par Jean-Michel Lainé le .

Ce Monster animé par le fameux 998 Testastretta Desmodromic est le plus sportif et le plus richement doté de la gamme

La gamme Monster se décline cette année encore autour de moteurs 2 soupapes Desmodromic avec les 695, S2R 800 et S2R 1000 et de moteurs 4 soupapes Testastretta Desmodromic avec les S4R et S4Rs. C'est au guidon de cette dernière, la plus sportive et la plus richement dotée d'entre elles, que nous prenons la route.

En l'approchant, une impression d'extrême compacité se dégage de la machine. Sous son réservoir aux formes si caractéristiques, le moteur semble avoir bien du mal à trouver sa place dans ce châssis. Pourtant, force est de constater que le mariage entre ce roadster essentiel et ce moteur tout droit issu de la gamme Superbike est plutôt réussi. Malgré son volume important par rapport à celui de la moto, la finition est soignée avec les câbles et divers fils électriques qui savent rester discrets.

Une simple pression sur le petit bouton met en route le bicylindre. La sonorité sourde et cadencée donne au ralenti la sensation de chevaucher une bête endormie qui n'attend que le signal du départ pour se dévoiler. Les premiers tours de roues confirment que la S4Rs ne demande qu'à bondir.

Le bicylindre en L de 998cm3 avec ses 4 soupapes Testastretta Desmodromic et son refroidissement liquide n'apprécie pas vraiment de tourner en dessous de 3000tr/min. Au-delà, la moindre rotation de la poignée propulse vivement l'équipage. De toute évidence, la ville n'est pas son terrain de prédilection sauf pour se faire admirer par les piétons le temps d'un arrêt au feu ou tester son capital sex appeal à une terrasse de café.

Pour le plaisir de piloter, il faut gagner de jolies petites routes de préférence tortueuses et vallonnées. Dans ce paysage, le jeu consistera à maintenir un régime au-dessus des 7000tr/min, le rythme devient rapidement infernal. On rentre dans les courbes aidé du seul frein moteur plutôt efficace à ce régime élevé et à la sortie, la roue avant se déleste dès qu'on accélère à fond pour reprendre sa vitesse. Le nom de Monster lui va alors comme un gant, cette moto ne se pilote pas, elle se dompte.

Si à 4625tr/min, la Ducati annonce 95db , son double échappement superposé sait donner de la voix au-delà et on ne s'en prive pas. Les vives accélérations et décélérations distillent rapidement une ambiance de Superbike au pilote qui ajoutée à la vivacité de la machine, donne des airs Racing à la moindre sortie.

La boîte de vitesse à 6 rapports est ferme et rapide. Les rapports se montent à la volée sans aucun problème et permettent de s'offrir de bonnes accélérations avec l'allonge du moteur. A la descente, un petit coup de gaz est recommandé sur les grosses décélérations.

Tout ceci est accueilli dans le châssis treillis qui dispose d'une rigidité irréprochable qu'on connaît chez la marque italienne. Le petit s du sigle, apporte aussi un équipement complet Öhlins réglables dans tous les sens que ce soit pour la fourche inversée de 43mm comme pour la suspension qui s'ancre sur le monobras en aluminium. L'inspection de ces éléments fait remarquer les jantes en alliage léger Marchesini à 5 branches peintes en blanc sur cette finition blanche à bande rouge.

Pour calmer les ardeurs et les prétentions de pilote de course, on peut compter sur un freinage diabolique. L'avant, avec ses étriers radiaux 4 pistons et 4 plaquettes, donne une puissance impressionnante. Pour ajuster le feeling qu'on a sur le levier, on peut le régler avec précision à l'aide d'une petite molette.

En général, on distingue l'attaque du reste de la course sur le freinage. Dans le cas présent, on ne peut pas réellement distinguer l'attaque dans le sens où depuis la saisie du levier jusqu'à l'arrêt, la puissance est très importante et régulière. L'usage du levier devra donc se faire avec attention surtout dans des conditions d'adhérence précaire.

A l'arrière, rien à signaler de particulier. Le frein est utilisable dans des conditions de roulage tranquilles, le seul problème est que ce n'est pas franchement l'envie qu'on a en prenant le guidon de la S4Rs, du coup on ne l'utilise que rarement surtout que la plupart du temps, le frein moteur suffira pour ralentir.

Pour un usage pratique, la S4Rs n'offre pas plus de choses que ses petites soeurs, mais ce n'est de toutes les façons pas pour cet usage qu'on devrait craquer pour cette machine. Le duo est faisable également en enlevant le capot de selle. Détail sympa, celui-ci s'enlève avec deux grosses vis sans avoir besoin d'un outil quelconque.

Soyons réaliste, cette machine très joueuse offre un plaisir qui ne se partage pas vraiment. Sa petitesse fait qu'une personne supplémentaire, en plus de bénéficier d'un accueil réduit, ajoute du poids sur l'arrière qui rend la monture moins ludique même si son comportement reste impeccable, une fois les réglages ajustés.

L'instrumentation disponible au tableau de bord est simple et complète. On y trouve deux compteurs à aiguille sur fond blanc, un pour la vitesse et l'autre pour le compte-tours puis sur l'afficheur à cristaux liquides, l'heure, la température moteur, les journaliers etc. en plus des témoins d' immobilizer, de feux de détresse et des autres nécessaires. La lisibilité est correcte et la nuit, l'éclairage est du plus bel effet.

La machine est ludique mais ne néglige pas pour autant l'accueil fait au pilote. La selle s'est révélée comme un bon compromis entre le confort et l'efficacité du placement, les appuis sur le guidon et les repose-pieds sont suffisamment forts pour contenir la machine et le petit saute-vent remplit correctement son rôle pour peu que l'on se mette bien sur l'avant.

Avec cette position confortable et efficace pour peu qu'on adopte un rythme soutenu et varié, la consommation tourne autour des 6.5 litres au 100km. Avec 14 litres dans le réservoir dont 3 de réserve, il y a matière à se faire de bonnes étapes sportives.

Bilan essai Ducati S4Rs

Au final, ce Monster S4Rs sait allier l'esthétisme de son dessin général (surtout dans ce coloris) et le volume important du moteur Superbike qui fera tourner les têtes avec une efficacité démoniaque dès qu'on la titille un peu. Quand on a fini de la regarder et de la faire admirer au quidam de passage, on prend le guidon pour s'offrir une bonne balade qui tourne assez rapidement à une séance de domptage de monstre. Le pilotage de cette Ducati saura se faire apprécier de celui qui privilégie le qualitatif au quantitatif, le plaisir d'instants sportifs uniques aux rubans de bitume sans fin.

La S4Rs est disponible en rouge (cadre rouge, bande blanche longitudinale et jantes noires), en noir (cadre noir, bande blanche longitudinale et jantes noires) ou en blanc nacré (cadre rouge, bande rouge longitudinale et jantes blanches).

Prix public conseillé : 14995€ (novembre 2006)

Photos essai Ducati S4Rs

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