Essai Ducati Hypermotard 1100 S

Essai Ducati Hypermotard 1100 S

Par Jean-Michel Lainé le .

Ducati propose un gros Supermotard de 1100cm3 avec tout le caractère qui fait le succès des motos de la firme de Bologne

Comme la Monster l'avait fait à l'époque où Ducati ne produisait plus que des motos sportives, l'annonce de l'Hypermotard surprenait tout le monde en propulsant la marque italienne sur un créneau où personne ne l'attendait.

Ducati propose donc une machine Supermotard de grosse cylindrée avec toutes les caractéristiques qui ont fait le succès des motos de la firme de Bologne : cadre treillis, bicylindre en L à distribution desmodromique, design soigné etc. Le plus surprenant à son guidon est son gabarit. En dehors de la largeur de la selle, le large guidon, la longueur réduite de la moto, la position de conduite ou encore la forme du réservoir, tout rappelle un mono Supermotard. On est loin de s'imaginer être aux commandes d'un bicylindre de 1100cm3 avant les premiers tours de roue.

Les premiers mètres donnent le ton. La longueur réduite de l'Hypermotard et le couple du moteur obligent à fournir quelques efforts pour garder la roue avant au sol sur les trois premiers rapports, même sur une simple réaccélération. Le couple maxi de 10,5mkg est disponible à 4750tr/min et la puissance maxi de 90cv à 7750tr/min. Le moteur est accompagné d'une boîte de vitesses à 6 rapports qui se manie rapidement avec ou sans l'aide de l'embrayage à sec pour un pilotage encore plus sportif.

Son truc n'est pas la vitesse de pointe tout simplement parce que la protection a été oubliée au cahier des charges et que le large guidon tout comme la position très en avant sur le réservoir, ne s'y prêtent pas vraiment. Là où l'Hypermotard brille, c'est dans les parties sinueuses parce qu'on est au guidon d'une machine de 90cv qui possède le gabarit d'un mono. Celui qui maîtrise l'art du pilotage tout en glisse ne devrait pas être déçu.

Cette version S est équipée d'une fourche Marzocchi inversée de 50mm et d'un amortisseur Ohlins qui se règlent dans tous les sens pour les plus pointilleux. Ancré au cadre treillis et au monobras (qui dispose d'un système de tension de chaine facile à utiliser), l'ensemble assure une excellente rigidité qui facilite le passage des enchaînements serrés et étonnamment, au regard de la longueur réduite de la moto, se maintient plutôt bien dans les grandes courbes rapides.

Cette stabilité est aidée par la disponibilité du moteur qui tracte sans relâche dans les courbes passées à bonne allure. Se mettre en avant sur la selle, les bras bien écartés et le buste incliné est une nécessité pour limiter le délestage de la roue avant et exploiter au mieux la motricité offerte par le twin. Sans adopter cette position, on se retrouve rapidement accroché au guidon sans pouvoir appuyer correctement dessus.

Le "gros jouet" italien bénéficie également d'éléments haut de gamme aussi esthétiques qu'efficaces. On remarque par exemple les jantes Marchesini chaussées de pneus très sportifs, les leviers hydrauliques réglables, le freinage avant avec ses deux disques de 305mm et les étriers monobloc à fixation radiale signés Brembo ou encore l'échappement qui ravira les mélomanes (92db).

Le freinage très efficace demandera un peu d'attention pour celui qui n'est pas familier avec les Supermotards. Si l'attaque est gérable, sa puissance très importante pour une machine aussi courte, demande au pilote un effort sur l'avant lors de freinages appuyés. Une conduite vive doit impérativement s'accompagner d'un freinage typé SM.

En selle, relâcher un peu le rythme pour souffler permet de jeter un oeil sur le petit tableau de bord ignoré jusqu'ici : Heure, témoins d'entretien programmé, charge batterie, température d'huile, trip essence, temps au tour, etc. les fonctions sont nombreuses et accessibles directement au guidon. Petit détail pratique, le phare s'éteint automatiquement lorsque le contact est mis et le moteur coupé.

L'Hypermotard a tout de même des petites choses un peu contrariantes à l'usage. Les protège mains qui intègrent clignotants et rétroviseurs sont esthétiques mais ceux-ci offrent une visibilité réduite même si leur écartement assure de ne pas voir ses coudes. Du coup, ils sont le plus souvent repliés. De son coté, la large selle gêne un peu pour balancer la moto d'un angle à l'autre comme sur un Supermotard, en revanche sa longueur est pratique pour se placer d'avant en arrière. Enfin, la capacité d'essence de 12 litres limite la durée de roulage sauf si on roule tranquillement en mode tourisme, mais inutile de rêver, ce n'est pas l'usage qui est fait de cette machine, la raison est laissée au garage en grimpant sur cette Ducati.

On touche là ce qui devrait guider l'achat de cette machine. Ducati avec l'Hypermotard propose une machine de forte cylindrée qui est certainement, face à la concurrence, celle qui se rapproche le plus du concept de base du Supermotard. Très facile à manier, très vive à l'accélération comme au freinage, précise en courbe et démonstratrice à la remise des gaz, l'Hypermot' est un jouet pour de grands enfants qui devront tout de même garder un peu de retenue en sortant du garage. L'exercice n'est pas simple tant la Ducati incite à jouer.

Cette moto totalement ludique permet malgré sa cylindrée, de ne pas rouler trop vite, disons plutôt sans excès excessifs. Quand la route se dégage, ce sera plutôt l'occasion de récupérer un peu et de relâcher la cadence pour se préparer aux prochains enchaînements de virages et bosses diverses à sauter.

Si elle accepte un passager qui dispose pour lui de poignées à l'arrière assez ergonomiques, il y a peu de chance que le transport soit régulier. Ce n'est pas pour des raisons pratiques ou de confort car l'Hypermotard ne s'en sort pas plus mal que certains trails, mais simplement que les joies du pilotage seront mises de coté. En balade touristique, un sentiment de frustration envahit rapidement le pilote, un sentiment décuplé à deux.

Bilan essai Ducati Hypermotard 1100 S

La Ducati Hypermotard est née sous le signe de l'efficacité ascendant plaisir. Sur route ou sur circuit, cette machine n'a rien d'un trail au design sympahtique mais tout d'un véritable Supermotard avec un joli coup de crayon. Bien entendu, la Ducati reste plus lourde (177kg à vide) avec son bicylindre de 1100cm3 qu'un gros mono dans la même catégorie, mais les sensations distillées sont en rapport avec l'écart de cylindrée !

Si pour vous le plaisir à moto est de sortir sa monture pour se payer une grosse tranche de pilotage comme on se fait une bonne partie de tennis ou une jolie trace dans la poudreuse profonde en ski, juste pour le plaisir, juste pour s'amuser, juste pour peaufiner sa technique ou juste pour profiter de petits instants avec de grands souvenirs, l'Hypermotard ne devrait pas vous décevoir, bien au contraire.

Disponible au tarif de 13500€ (décembre 2007), 11500€ pour la version standard.

Photos essai Ducati Hypermotard 1100 S

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